Cette édition en format poche du livre qui, à sa sortie en 2015, a enflammé les esprits et fourbi la pensée critique commune est suivie de Gouvernance (initialement paru en 2013), portrait dénonciateur de l'arme de prédilection de la tyrannie de la moyenne: le management.
L'ensemble décrit un régime qui vise la stérilisation de l'esprit humain par la tiédeur intellectuelle et politique facilitée par la novlangue du management. Un livre salutaire et indispensable pour se prémunir contre la révolution anesthésiante en cours.
Ce diptyque est précédé d'une nouvelle préface qui revient sur la réception de La médiocratie et qui aborde les contextes français et nord-américain en 2016.
Moeurs. De la gauche cannibale à la droite vandale s'interroge sur la difficulté de concevoir l'émancipation collective dans un monde où domine la technocratie capitaliste et l'individualisme. Alain Deneault y poursuit les réflexions que l'on trouve dans ses précédents essais La médiocratie et Politique de l'extrême centre.
Il y invite à rompre avec la dynamique des querelles identitaires où tous se servent de leur conscience comme d'un bâton pour frapper autrui, et où chacun semble laisser le monde courir à sa perte, pourvu que sa cause et son intérêt avancent ici et maintenant. Il déplore la dégradation en slogan et en cliché de catégories pourtant importantes et rappelle que sous ces débats, gisent des enjeux et des désirs précieux qu'il est urgent de sortir des décombres.
À partir du terme économie tel que développé en biologie, Sigmund Freud a fondé une « économie psychique » portant sur la façon dont l'appareil psychique traite les quantums d'affects qui l'animent.
Cette économie consiste en une analyse du rapport entre la puissance de manifestation des pulsions pour se « dépenser » dans l'espace social et le coût que représente l'acte de refoulement au vu d'interdits sociaux qui contrarient cette propension. Il s'agit d'une négociation à l'oeuvre entre l'inconscient, instance d'affirmation, et le préconscient, instance censoriale.
L'argent apparaît dans ce contexte comme une matrice de l'activité psychique, et d'une forme générale d'aliénation qu'étudie Herbert Marcuse, davantage qu'une simple unité de mesure offerte à la raison.
Avant que la corporation des économistes n'en monopolise abusivement le sens et la portée, le mot «économie» a reçu plusieurs significations du domaine des sciences, des arts et de maintes pratiques sociales.
N'est pas économie ce qu'on croit. Cette collection d'ouvrages semestriels vise à restaurer les différentes acceptions du terme « économie » et à en faire valoir toute l'actualité, pour ensuite synthétiser ces usages dans une définition conceptuelle, en lieu et place de celle, idéologique, qui s'est imposée à nous.
6 volumes à paraître: L'économie de la nature (oct. 2019) L'économie de la foi (oct. 2019) L'économie esthétique (fév. 2020) L'économie psychique (oct. 2020) L'économie conceptuelle (oct. 2020) L'économie politique (fév. 2021)
Avant que la corporation des économistes n'en monopolise abusivement le sens et la portée, le mot «économie» a reçu plusieurs significations du domaine des sciences, des arts et de maintes pratiques sociales.
N'est pas économie ce qu'on croit. Cette collection d'ouvrages semestriels vise à restaurer les différentes acceptions du terme « économie » et à en faire valoir toute l'actualité, pour ensuite synthétiser ces usages dans une définition conceptuelle, en lieu et place de celle, idéologique, qui s'est imposée à nous.
6 volumes à paraître: L'économie de la nature (oct. 2019) L'économie de la foi (oct. 2019) L'économie esthétique (fév. 2020) L'économie psychique (oct. 2020) L'économie conceptuelle (oct. 2020) L'économie politique (fév. 2021)
La figure du colon manque à notre conscience et à la réflexion anticoloniale. Comme Memmi a brossé les portraits du colonisé et du colonisateur, Alain Deneault propose une description de cette figure mitoyenne des espaces d'exploitation économique que sont les entreprises coloniales, qui ne se trouve ni dans la position invivable du colonisé, ni dans celle, indéfendable, du colonisateur.
Le décor où évolue ce personnage oublié de l'histoire: le Canada. Coincé entre un passé colonial qu'il veut oublier et un essor républicain sans cesse ajourné, ce territoire qu'on appelle pays n'excelle que dans la médiocrité des politiques d'extrême centre, mais il livre à la pensée politique un objet d'importance: le statut de colon qui fut, et reste, celui de la majorité de sa population.
Dans cette troisième livraison des «Économies», Alain Deneault suit le mouvement spéculaire entre des oeuvres esthétiques qui traitent d'économie marchande et d'argent, et des critiques d'arts qui recourent au vocabulaire économique pour commenter les oeuvres. Le mot «économie» ressort de cette analyse fine comme une puissante métaphore, mais surtout comme le nom même d'un régime de production des métaphores.
C'est à l'économie que s'en remet la rhétorique pour traiter d'«économie du discours», la littérature et le cinéma d'«économie du récit» et les arts en général d'«économie d'une oeuvre». Cet essai, court et dense, s'appuie sur des penseurs de l'économie esthétique comme Denys d'Halicarnasse, Genette, Arasse et Derrida, pour analyser le fonctionnement sémiologique et social des oeuvres d'art ainsi que leur récupération dans le champ de l'idéologie politique. La science économique est une construction fictionnelle qui a recours à l'esthétique pour se donner des allures de vrai.
« Total » : c'est ainsi qu'ils ont choisi de la nommer, comme dans un mauvais film tout en hyperboles. Active dans plus de 130 pays, cette société s'affaire à exploiter, traiter et distribuer des produits issus du pétrole, tout en oeuvrant dans le gaz, l'énergie solaire, la produc- tion électrique et l'industrie chimique. Le capital dont dispose cette firme traduit le fait d'une histoire chargée, couverte par l'état du droit ou par la complicité des États. Ce capital est le fruit d'actions tentaculaires sur un plan politique et économique, allant de la participa- tion à des cartels internationaux capables de jouer sur les prix à l'accaparement de ressources dans le contexte néocolonial africain, en passant par la délocalisation d'actifs dans des États complaisants, par l'externalisation des coûts de production sous une forme massivement polluante et par la collaboration avec des partenaires pratiquant le travail forcé.
Dans cet essai, Alain Deneault démontre que le cas Total ne témoigne pas seulement du pouvoir de cette entreprise en particulier, mais de celui d'une poignée de multinationales qui font aujourd'hui la loi.
Se pencher sur l'histoire de Total et de ses composantes généalogiques, c'est montrer comment l'état du droit et la complicité des États ont permis à une firme, légalement, de comploter sur la fixation des cours du pétrole ou le partage des marchés, de coloniser l'Afrique à des fins d'exploitation, de collaborer avec des régimes politiques officiellement racistes, de corrompre des dictateurs et représentants politiques, de conquérir des territoires à la faveur d'interventions militaires, de délocaliser des actifs dans des paradis fiscaux ainsi que des infrastructures dans des zones franches, de pressurer des régimes oligarchiques surendettant leurs peuples, de polluer de vastes territoires au point de menacer la santé publique, de vassaliser des régimes politiques en théorie pourtant souverains, de nier des assertions de façon à épuiser des adversaires judiciaires, d'asservir des populations ou de régir des processus de consultation.
Chacun de ces verbes fait l'objet d'un chapitre dans cet ouvrage. Ils représentent une série d'actions sidérantes que l'ordre politique actuel ou récent a permis à des multinationales de mener en toute impunité, indépendamment des textes législatifs et des institutions judiciaires, ou grâce à eux.
En complément, un court essai intitulé Le Totalitarisme pervers met en perspective les cas décrits précédemment et interroge de façon conceptuelle le fonctionnement même des multinationales.
Point de haine de l'économie là où on nous fait aimer l'argent (à tout prix). Point de haine de l'économie, mais une économie de la haine. Le programme : faire l'économie de la haine. Haïr sans qu'il n'y paraisse. Ainsi s'investit-on dans l'asservissement à l'argent. L'argent fait écran : faut-il vraiment qu'on délocalise des usines, licencie du personnel, pollue des rivières, contourne le fisc, soutienne des dictatures ou arme des chefs de guerre pour que le prix d'une action monte en Bourse ? Pourquoi faisons-nous l'économie de ces questions ? Pour Alain Deneault, cette façon « obligée » d'appréhender le réel participe de l'autocensure, un phénomène qui ne relève pas de la psychologie individuelle, mais d'un fait social.
Peut-on parler de « totalitarisme » quand il s'agit de nommer le pouvoir des multinationales tel qu'il s'est construit et imposé depuis le début du xx e siècle ? Avec ce texte court, Alain Deneault démontre avec une grande finesse philosophique les processus qui permettent de l'affirmer.
Alors que la pratique politique moderne voudrait que les sujets d'une collectivité obéissent aux lois, non aux puissants, on assiste à un renversement pervers : ce sont les multinationales, aujourd'hui, qui soumettent la délibération des assemblées politiques à d'autres « lois », supérieures, qu'elles s'assurent de rendre efficaces : la « loi » du marché, la « loi » de la concurrence, la « loi » universelle de l'offre et de la demande.
Tout est affaire de confusion.
En s'appuyant sur le cas d'école que constitue l'entreprise Total, le philosophe insiste sur le fait que les sociétés privées se réclament en permanence de la loi pour fonder sur elle leur autorité et la jouissance même de leur domination sociale. Mais que signifie au fond « c'est légal » quand les actes ainsi autorisés par des législations complaisantes - le travail forcé des enfants au Myanmar, la pollution meurtrière du delta du Niger, etc. - choquent à ce point la conscience commune ?
Parce que les glaciers fondent, parce que les déchets nucléaires irradient, parce que la température planétaire augmente, parce que l'État social s'écroule, parce que l'économie réduite à la finance s'aliène, notre époque n'a plus le luxe de se laisser conduire à la petite semaine par les médiocres qui dominent. À ce stade de la déréliction politique, que faire?
Cesser de s'indigner et passer à la question suivante. Travailler sans fin à une synthèse des causes valables, s'organiser au-delà des replis sectaires, moquer l'idéologie, transcender les modalités d'organisation hégémoniques, et s'essayer à des formes instituées qui nous ressemblent. Radicalisez-vous !
Lorsqu'une marée noire souille le littoral français, qu'un centre de recherche perd une subvention, qu'une usine ferme, que le statut d'intermittent du spectacle est menacé, que les travailleurs pauvres se multiplient, c'est à cause des paradis fiscaux et des législations de complaisance. Source d'inégalités croissantes et de pertes fiscales colossales, le recours aux paradis fiscaux par les grandes entreprises et les particuliers fortunés explique en grande partie les politiques d'austérité. « C'est légal ! », claironnent les fautifs. En cinq chapitres d'une redoutable efficacité, Alain Deneault soulève la question politique de cette escroquerie légalisée. Comment les définir, quelles sont les conséquences dramatiques de cette spoliation et comment contrer cette loi des puissants ? Il est urgent de mettre fin à ce mécanisme insensé par lequel les contribuables financent les banques par le service de la dette et les services publics dont profitent les entreprises, tout en s'appauvrissant. Il faut se saisir collectivement de la question des paradis fiscaux pour que ce qui est légalisé ne le soit plus.
Qui mène ? Qui décide ? C'est la question politique de l'époque. Depuis des décennies que des guerres de prédation économique embrasent le Sud et corrompent les chefs d'État ; que des navires de complaisance y convoient des armes et nous reviennent avec le fruit du pillage ; que des mercenaires se trouvent mobilisés à l'instruction d'on ne sait qui ; que les trafics de stupéfiants entraînent en quelques générations des fortunes aussi grandes que des PIB nationaux ; que des milliards $ se dissipent annuellement dans un triangle des Bermudes de l'argent sale ; que les auteurs de tels placements se dressent ensuite sous la houlette cravatée d'« investisseurs » prétendant à la préhension de tout ; que les services publics des États du Nord sont amputés des sommes équivalentes aux bonis faramineux que s'octroient les chefs n d'empires ; que des escrocs de la finance vampirisent les économies de populations entières sans rencontrer quelque obstacle que ce soit. depuis tout ce temps, on conçoit que les institutions publiques ont perdu leur emprise sur la marche du monde. Que des acteurs puissants se profilent offshore, hors des frontières de la politique formelle et du droit. Le règne de cette « souveraineté offshore » implique que les principaux décideurs de la chose publique n'agissent plus dans la sphère du public. Ils se sont aménagés ces juridictions politiques sur mesure - les « paradis fiscaux » - qui leur permettent de peser de manière décisive sur le cours historique des choses sans devoir répondre de quelque principe démocratique que ce soit. Des subalternes se prêteront dans les États de droit au cirque des campagnes électorales et au théâtre des assemblées législatives, puis on emballera cela dans l'enveloppe de la « gouvernance » afin de satisfaire le peuple de ces ombres chinoises. Qu'il ne croie pas à ces mensonges importera peu puisqu'eux seuls seront tout ce à quoi il aura droit. L'État de droit que l'on conçoit d'ordinaire devient méconnaissable lorsque, résolument domestiqué, il compte seulement dans la main des acteurs financiers tel un atout supplémentaire que leur confère la souveraineté offshore quant aux affaires du monde ; le « crime » et l'« illégalité » sont des termes de peu de portée lorsque tout ce qu'ils recouvraient antérieurement se trouve aujourd'hui autorisé et même encouragé dans des juridictions offshore dont on reconnaît par ailleurs la pleine souveraineté, lorsque celles-ci ne partagent pas avec des États de droit reconnus leur siège dans les instances de la Banque mondiale ou ne sont pas dûment membres de l'Union européenne.
Les médiocres ont pris le pouvoir. Leur empire s'étend désormais à toutes les sphères de l'existence : l'art, l'économie, la science, la loi et la politique. Besogneux, et prompts à se reproduire, ces derniers sont d'une redoutable e cacité, à tel point que le temps n'est pas loin où ils auront éteint toutes les passions, réfréné toutes les audaces, taillé en charpie toutes les idées politiques authentiques. Alain Deneault propose dans ces courts essais une analyse incisive et parfois caustique de ce règne, dont la modalité n'est pas celle de la domination d'une classe mais celle de la stérilisation de l'esprit humain par la propagation d'un amour inconsidéré de la tiédeur culturelle et politique.
La médiocratie est un ordre social qui menace en permanence de s'e ondrer en son centre.
Par son travail de philosophe et de sociologue, Alain Deneault analyse le monde qui nous entoure en adoptant un point de vue critique qui nous oblige à renverser nos perspectives, à appréhender nos sociétés sous un angle nouveau. En réunissant plusieurs textes écrits au fil des années sous l'influence théorique de Rancière et Simmel, Alain Deneault décode une censure insidieuse qui s'est installée à différents niveaux de notre société, rendant difficile d'appréhender le réel en dehors de schémas que chacun de nous a intériorisés. Parler de censure aujourd'hui ne signifie pas décrire des bureaux de censure propres à des régimes anciens, mais désigne plutôt la fabrication d'un discours, d'une version de la réalité qui exploite la crédulité du public. Les institutions financières, gouvernementales, judiciaires et sportives deviennent en quelque sorte un moule par lequel elles inculquent des modalités de compréhension des choses. Dans l'ordre libéral qui est le nôtre, la censure prend ainsi une dimension psychologique intime, traçant les contours d'une autocensure peu consciente. En effet, il ne s'agit pas tant de supprimer délibérément une partie de son propre discours, mais d'éprouver une certain malaise dès qu'on déroge d'une façon générale d'aborder le réel. 'L'économie de la haine' rassemble des textes sur ce processus sous différents angles et l'auteur nous invite à une pensée critique qui nous émancipe de ce carcan idéologique. Alain Deneault est titulaire d'un doctorat de philosophie de l'Université de Paris-VIII et enseigne aujourd'hui la sociologie à l'UQAM. Il est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages qui ont fait débat.
Le terme « gouvernance » s'est introduit dans le discours public, se substituant peu à peu à l'antique notion d'administration publique. Simple mode ? C'est en réalité la marque d'une transformation radicale des institutions, nationales et internationales. Maître mot du New public management, la gouvernance révèle en effet l'assimilation totale du fonctionnement de l'État à celui de la grande entreprise. Elle est au coeur de la transformation actuelle des services publics qui se doivent d'être compétitifs. Alain Deneault explore les prémisses de cette révolution de palais qui s'opère trop souvent dans l'indifférence généralisée. Il en dénonce l'incurie intellectuelle et braque les projecteurs sur ses conséquences désastreuses pour la vie démocratique et la justice économique
Et si le Canada avait été lui-même un havre bancaire avant la lettre ? Et si l'activité de banques canadiennes dans la Caraïbe britannique avait été le prélude à leur transformation en paradis fiscaux ? Et si elles avaient pris une part active à cette mutation ? Après avoir permis la tenue d'un débat urgent sur les activités controversées et impunies des compagnies minières canadiennes, Alain Deneault poursuit son travail rigoureux pour déconstruire l'image bienfaisante du Canada, cette fois-ci dans le domaine bancaire et fiscal. Dans un livre aux révélations déroutantes, l'auteur montre comment le Canada a largement contribué à créer les paradis fiscaux des Caraïbes à partir des années 1950, favorisant ainsi de mille manières les détenteurs de fortune et les entreprises cherchant à contourner son système fiscal et ses lois. Sous l'impulsion de banquiers, juristes et hommes politiques canadiens, ces législations se sont graduellement converties en des États de complaisance dont certaines comptent aujourd'hui parmi les plus redoutables du monde. Un ancien ministre canadien des Finances a développé le modèle offshore des Bahamas. Un avocat de Calgary, ancien bonze du parti conservateur, a structuré aux Îles Caïmans des lois rendant opaque le secret bancaire. Le gouvernement du Canada a fait de la Barbade le havre fiscal de prédilection des entreprises canadiennes. Aujourd'hui, le Canada va même jusqu'à partager son siège dans les instances de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international avec un collectif de paradis fiscaux de la Caraïbe britannique et parler en leur nom. De sorte que le Canada se confond au réseau offshore. Inévitablement, le Canada s'est cependant trouvé dominé par ses propres créatures. Le voici donc à Halifax ou à Toronto liant ses destinés avec des institutions des Bermudes, quand le gouvernement fédéral n'en est pas à signer un accord de libre-échange avec le Panama, repaire mondial des narcotrafiquants. Cela, sur fond de rumeur persistante d'une annexion directe au territoire canadien de législations de complaisance telles que les Îles Turques-et-Caïques. Les échappatoires qu'il prévoit au profit des sociétés justifient à l'étranger des délocalisations vers chez lui, exactement comme s'il s'agissait du Luxembourg ou de la Suisse. Tout cela sans compter que dans la constellation des législations de complaisance, le Canada semble avoir fait sa niche du secteur de l'industrie extractive mondiale, 75 % des entreprises minières mondiales ayant élu domicile au pays. Ce livre porte donc sur ces dérives qui, de la fin du XIXème siècle à aujourd'hui, font structurellement du Canada un paradis fiscal. Avec la rigueur qu'on lui connaît et la plume caustique qui le caractérise, Alain Deneault nous invite ici à voir le Canada sous un jour nouveau, et pas nécessairement son plus glorieux. De quoi relativiser cette image d'un Canada bienveillant.
Noir Canada, rassemblant et recoupant des données relevées dans des rapports d'organisations non gouvernementales, des rapports d'experts, des témoignages., donne le vertige devant l'ampleur des exactions commises en Afrique et financées en partie par des fonds publics. Un livre à lire absolument si nous voulons enfin ouvrir les yeux !
Économie libérale, néolibéralisme, libre échange, libre marché... Alain Deneault dénonce un « coup d'État conceptuel » qui a fini par envahir tous les champs de la sphère politique et de la vie publique. Ce rapt langagier vise non seulement à dissoudre notre patrimoine de références politiques, écologiques et sociales, pour lui substituer les termes tendancieux du management - les ressources humaines, les clients, la gouvernance, etc. -, mais aussi à réinventer l'État à l'aune de la culture de l'entreprise privée.
Ce n'est qu'en dissociant économie et capitalisme que nous nous libérerons du dogmatisme et de l'idéologie actuels, et que nous redonnerons du sens aux termes émancipateurs participant de la démocratie et de la citoyenneté, c'est-à-dire à notre rapport au monde.
Paradis sous terre est un livre coup de poing : il met en pièces une imagerie entretenue de longue date par le Canada et ses représentants officiels - à savoir un pays où la nature est reine, où les considérations environnementalistes l'emportent sur toutes les autres, où les principes les plus vertueux guident ses dirigeants, où les bûcherons en chemises à carreaux côtoient aimablement les nouveaux immigrés. Et où les lois sont respectées par tous avec un bon sens citoyen quasiment acquis.
Or le Canada - à l'image de ce que peut être la Suisse pour l'industrie bancaire et la finance internationale - est devenu un havre réglementaire et judiciaire pour une industrie fort controversée, l'industrie minière. En 6 chapitres d'une redoutable efficacité, s'appuyant sur un remarquable travail d'investigation, Alain Deneault et William Sacher démontent le mythe en dévoilant comment les politiques avantageuses canadiennes ne font pas seulement la fortune des sociétés nationales, mais amènent les firmes d'autres pays du Nord à s'enregistrer au Canada pour profiter des complaisances du régime. Avec dans les pays du Sud, de l'autre côté du miroir aux alouettes que constitue la Bourse de Toronto, un pillage massif des ressources, des expropriations violentes voire meurtrières de populations entières, la pollution durable de vastes territoires, les manoeuvres d'intimidation à l'encontre des opposants, les pertes sèches dans les trésors publics des pays concernés, les faits de corruption avérés.
La crise majeure que nous traversons, à la fois économique, sociale et politique, est la conséquence du capitalisme mondialisé, dont les dérives économiques et financières produisent inéluctablement inégalités et exclusions. Le présent ouvrage s'attache à montrer que la lutte contre la mondialisation néolibérale et ses effets dévastateurs exige une réorganisation profonde de la société, nécessitant une réponse par les Communs Globaux. Il est en effet impérieux de penser une réappropriation de l'État, afin d'inventer de nouveaux outils démocratiques, à partir de la généralisation des Communs et de leur articulation du local au global. Construire un autre monde, fruit d'un travail collectif et pluridisciplinaire, entend ainsi relever sur le plan théorique le défi d'une politique émancipatrice.