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Gallimard
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Trois récits, entre lesquels courent des liens ténus. Au centre de chaque récit, une femme qui dit non. Elles s'appellent Nora, Fanta, Khady Demba.
Norah, la quarantaine, arrive chez son père en Afrique. Le tyran égocentrique de jadis est devenu mutique, boulimique, et passe ses nuits perché dans le flamboyant de la cour. Pourquoi lui a-t-il demandé de venir ? Ce que Norah va découvrir est plus terrible encore que ce qu'elle pouvait redouter.
Fanta enseignait le français à Dakar, mais elle a été obligée de suivre en France son compagnon Rudy. Rudy s'avère incapable d'offrir à Fanta la vie riche et joyeuse qu'elle mérite. Il reste sous l'emprise maladive de sa mère, qui consacre sa vie à persuader son entourage de l'existence des anges. Il erre, bouleversé, dans une réalité visqueuse qui le remplit de colère et de rancune. Fanta, près de lui, est un roc.
Khady Demba est une jeune veuve africaine. Sans argent, elle tente de rejoindre une lointaine cousine, Fanta, qui vit en France. Le long voyage de l'émigration sera ponctué de souffrances sans nom.
L'art de Marie Ndiaye apparaît ici dans toute sa singularité et son mystère. La force de son écriture tient à son apparente douceur, aux lentes circonvolutions qui entraînent le lecteur dans les méandres d'une conscience livrée à la pure violence des sentiments. Chacune des trois femmes se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible. Comme toujours chez Marie Ndiaye, l'angoisse transparaît sous le glacis d'une prose impeccable et raffinée.
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Me Susane, quarante-deux ans, avocate récemment installée à Bordeaux, reçoit la visite de Gilles Principaux. Elle croit reconnaître en cet homme celui qu'elle a rencontré quand elle avait dix ans, et lui quatorze - mais elle a tout oublié de ce qui s'est réellement passé ce jour-là dans la chambre du jeune garçon. Seule demeure l'évidence éblouissante d'une passion.Or Gilles Principaux vient voir Me Susane pour qu'elle prenne la défense de sa femme Marlyne, qui a commis un crime atroce... Qui est, en vérité, Gilles Principaux ?
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«Elle trouvait excessives les louanges dont on s'est mis à couvrir sa cuisine. Elle comprenait les sensations puisqu'elle s'appliquait à les faire naître, n'est-ce pas, et que leur manifestation sur la figure des convives l'enchantait, c'est tout de même bien ce à quoi elle s'évertuait jour après jour, depuis tant d'années, presque sans repos. Mais les mots pour décrire tout cela lui paraissaient indécents.» Le narrateur raconte la vie et la carrière de la Cheffe, une cuisinière qui a connu une période de gloire, dont il a longtemps été l'assistant - et l'amoureux sans retour. Au centre du récit, la cuisine est vécue comme une aventure spirituelle. Non que le plaisir et le corps en soient absents, au contraire : ils sont les instruments d'un voyage vers un au-delà - la Cheffe allant toujours plus loin dans sa quête d'épure. Les phrases de Marie NDiaye se déploient lentement, comme pour envelopper le lecteur avec un charme constricteur. Les replis de l'âme de chaque personnage sont explorés avec une détermination calme dans la volonté de dissoudre la pénombre des êtres. Le récit dévoile une humanité violente, claire, à la fois mélancolique et enviable.
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'Le chien tendit vers elle sa grosse tête au poil crasseux.
Elle retint sa main par crainte de la vermine.
Elle noya son regard dans le regard calmement éploré, calmement suppliant, et toute l'humanité et l'inconditionnelle bonté de l'animal docile lui remplirent les yeux de larmes, elle désira ardemment être lui et sut alors que le passage viendrait naturellement et à son heure.' Ladivine nous entraîne dans le flux d'un récit ample et teinté de fantastique. Comme dans Trois femmes puissantes, Marie NDiaye déploie son écriture fluide et élégante, riche d'une infinité de ressources qui s'offrent au lecteur avec une fascinante simplicité.
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Gabrielle est professeure de français à Royan. Elle s'adresse aux parents de Daniella. Dans son monologue vindicatif plane le sentiment d'une faute inexpiable dont la narratrice se sent à la fois accablée et innocente. Comme toujours chez Marie NDiaye, une violence métaphysique se dégage des êtres et des situations, venue de si loin qu'il est impossible d'en déterminer la cause. Elle s'élève contre une injustice originelle indissociable, semble-t-il, de la condition humaine.
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Nadia, la narratrice, est institutrice à Bordeaux dans la même école que son mari, Ange. Ils vivent leur profession comme un apostolat et en tirent une authentique félicité. Mais depuis quelque temps le couple est l'objet d'une vindicte générale, harcelante et inexplicable. Personne ne les regarde plus en face, personne n'accepte d'entendre le son de leurs voix, les enfants ont peur d'eux... Nadia tente de comprendre la nature du complot qui la broie, tandis qu'un brouillard épais ensevelit Bordeaux. Quelle faute a-t-elle commise, qui justifierait ses malheurs ? Pourquoi son fils s'est-il éloigné d'elle ? Ange est-il vraiment son allié dans l'épreuve ? Et qui est ce voisin qui les accable de propos lénifiants, ce Noget qu'ils avaient toujours méprisé et qui s'impose peu à peu comme leur protecteur tout-puissant ? Le nouveau roman de Marie NDiaye baigne dans une clarté crépusculaire. L'écriture étonne encore une fois par sa précision, sa retenue, sa profonde singularité. La douceur constante du ton, le caractère familier des épisodes qui se succèdent, l'enchaînement implacable et comme naturel des malheurs qui frappent la narratrice, mais aussi les fréquentes pointes d'humour et la cocasserie des situations plongent le lecteur dans le ravissement inquiet que font naître les contes.
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Délivrance : Un exilé écrit à sa femme. Ses lettres se succèdent, dans lesquelles il la supplie d'aller voir ses vieux parents, réclame des nouvelles d'elle et de leur enfant...
Berlin mon garçon : Marina part à Berlin chercher son fils qui s'y est fourvoyé. À son arrivée, elle est horrifiée par la laideur et la tristesse de la ville, malgré l'accueil de Rüdiger avec qui elle devra partager un appartement dans Corbusierhaus en vertu d'une loi nouvellement promulguée...
Honneur à Notre Élue : Les habitants d'une ville parlent de leur élue, une femme extraordinaire.
Elle est parmi eux, présence bienfaisante, très humaine même si on ne sait pratiquement rien d'elle, pas même son nom. L'Opposant tente de rassembler des arguments pour mettre un terme à son mandat, mais, comme tous les autres, il aime Notre Élue...
On retrouve dans chaque pièce l'univers fascinant de Marie NDiaye, son art délicat qui entraîne le lecteur comme le spectateur dans une spirale sans fin vers les abysses de la conscience.
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Deux couples : Eva et Rudy, Isabelle et Georges. Ils sont amis. Eva et Rudy sont riches et malheureux : leurs deux enfants, un garçon et une fille, ont disparu pendant des années, et voilà qu'ils reviennent. La fille ne leur a donné aucune nouvelle, elle a erré dans un no man's land anonyme, elle revient efflanquée, pleine de remords, peut-être est-elle morte. Le fils a quitté Eva et Rudy parce qu'ils n'étaient pas vraiment ses parents : ils l'avaient recueilli dans un orphelinat. Or il loge dans sa poitrine les voix de ses vrais parents, qui ne cessent de le harceler et de l'inciter à tuer ses parents adoptifs, raison pour laquelle il est parti. Isabelle et Georges, eux, n'ont qu'un fils, dont ils sont très fiers, et qui les aime au point de venir les voir chaque soir. Mais ce maître d'école porte un lourd secret : il a violé plusieurs de ses élèves. Le maître tente d'avouer ses crimes à ses parents, mais ils ne l'entendent pas. Lors d'une réunion de parents d'élèves, la mère d'un garçon vient leur annoncer que son fils a été victime du maître, mais là encore personne ne veut entendre la vérité. La mère essaiera de forcer le maître à demander pardon à sa victime, mais il s'évanouira dans l'air avant de l'avoir fait. Et l'on apprendra que si la fille d'Eva s'est livrée à l'errance, c'est parce qu'elle avait deviné que son père n'était pas Rudy, mais Georges. Chacun traîne son secret, et quand il parvient à l'avouer personne ne veut l'entendre. La pièce, d'une grande force, a quelque chose d'implacable et de féroce, malgré la douceur accablée des propos, et la fin suspendue nous laisse avec des regrets qu'on ne sait pas nommer. On retrouve ici l'univers familier de Marie NDiaye, ses ambiances inquiétantes et tourmentées, son humour grinçant par petites touches inattendues.
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Trois pièces. Deux écrivains, mari et femme depuis vingt ans. Un théâtre d'ombres et de voix étranges. Les lecteurs de Marie NDiaye retrouveront ici son univers inquiétant et familier. Ceux de Jean-Yves Cendrey, le ton grinçant et la violence crue de ses romans.
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Vingt-huit bêtes : un chant d'amour
Marie NDiaye, Dominique Zehrfuss
- Gallimard
- Hors Serie Litterature
- 4 Novembre 2016
- 9782072698170
Marie NDiaye et Dominique Zehrfuss ont composé ensemble un livre rare et réjouissant, Vingt-huit bêtes : un chant d'amour, constitué du long poème écrit par la première et d'un bestiaire de 28 peintures réalisées par la seconde. Les vers de Marie NDiaye y répondent aux gouaches subtiles et oniriques de Dominique Zehrfuss, tandis que les couLeurs éclatantes et les mille et un détails des illustrations invitent à entrer dans le poème.
Marie NDiaye y évoque l'amour enfui, le désir qui s'éLoigne, des paysages intérieurs en recomposition, et tisse sur le bestiaire peint de Dominique Zehrfuss un discours amoureux original et profond, à la fois intemporel et contemporain.
Les deux oeuvres jouent ensemble, se façonnent et s'interprètent l'une l'autre dans un équilibre inattendu et saisissant.
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3 nouvelles contemporaines
Patrick Modiano, Marie NDiaye, Alain Spiess
- Gallimard
- La Bibliotheque Gallimard
- 23 Mars 2006
- 9782070337187
Trois nouvelles, trois univers singuliers. Un jeune homme rêveur s'occupe le temps d'un hiver d'une fillette blonde aux yeux gris, la petite Bijou, dont la mère, artiste bohème, n'a que faire. Une étudiante mal dans sa vie se pique de rencontrer le président Chirac au Havre. Problème : elle ne se souvient plus du prénom du grand homme, tant elle s'est placée hors du monde ! Un homme, abandonné à sa solitude, s'adonne aux puzzles en tentant de reconstituer l'histoire de son existence. Le puzzle, d'ailleurs, comme point commun des nouvelles, c'est bien cela. L'accompagnement critique s'attache à la nouvelle comme genre, aux choix narratifs qu'elle permet et aux thèmes qu'elle explore. Il met en perspective ces textes courts avec les oeuvres romanesques des trois écrivains choisis. La petite Bijou fait une première apparition dans La Seine de Patrick Modiano avant de donner son titre à un roman publié en 2001 ; l'étrangeté comme indice stylistique de Marie NDiaye est déjà présente dans Le Jour du président ; la réclusion subie par le héros de Pourquoi ? connaît de multiples échos dans l'oeuvre d'Alain Spiess. 3 nouvelles (XX? siècle) recommandées à partir de la classe de troisième. Textes intégraux.