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Sandra Lucbert
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On fait - mais on ne sait pas ce qu'on fait. On parle - on ne sait pas ce qu'on dit. Pas davantage à qui. On défère, on ignore à quoi. On accumule des biens, mais sans idée de ce qu'on cherche.
Double-fond des actions individuelles. Et double-fond des rapports sociaux. Qui, à leur logique propre, ajoutent celle, le plus souvent inaperçue, de l'investissement pulsionnel.
C'est la psychanalyse qui a ouvert cette perspective, et c'est elle qui l'a refermée. Ouverture : les concepts du double-fond - pulsion, inconscient, jouissance, fantasme, refoulement. Fermeture : LePhallus, LaCastration, LaLoi - soit la transfiguration à majuscules d'un ordre social-historique contingent en éternité du Symbolique. La psychanalyse s'est voulue science générale, elle a seulement fait la théorie psychique d'un lieu et d'un temps. Son " général " transpirait l'Occident patriarcal.
Alors, reprendre tout l'appareil conceptuel - pour le brancher sur la variabilité des mondes collectifs.
Avec l'oubli - le discrédit - de la psychanalyse, la pulsion s'était absentée du discours. En réalité, elle n'a jamais cessé d'irriguer les formations sociales et leurs rapports. Entre capitalisme devenu forcené et fascisme de retour, la voilà même qui sature à nouveau le paysage politique - pas pour le meilleur. Déterminante d'autant plus qu'invisible. Il était temps de s'en occuper à nouveau.
Nous nous y sommes mis à deux. C'est-à-dire à trois. Parfois c'est l'une qui écrit, parfois c'est l'autre, parfois les deux ensemble - ça fait partie des armes. -
De mai à juillet 2019 se tient le procès France Télécom-Orange.
Sept dirigeants sont accusés d'avoir organisé la maltraitance de leurs salariés. Parfois jusqu'à la mort.
On les interroge longuement, leur fait expliquer beaucoup.
Rien à faire : ils ne voient pas le problème. Le P-DG a un seul regret : « Cette histoire de suicides, c'est terrible, ils ont gâché la fête. » Il y avait donc une fête ? Parlons-nous la même langue ?
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Défaire voir se compose de trois parties :
- Une introduction, qui déplie le problème de la littérature politique en toute généralité.
- Un dispositif littéraire, intitulé « Manger les riches, une décomposition », qui prend pour départ le scandale des Ehpad Orpéa, et en dégage le régime de pulsionnalité du capitalisme financiarisé.
- « Se faire Voyant », une théorie de la littérature comme productrice de figures. Terme par lequel on désigne les textes qui produisent dans leur forme même une aperception nouvelle des logiques politiques et sociales.
Il s'agit de mettre en oeuvre et de théoriser une littérature politique qui tienne ensemble les deux termes « littérature » et « politique », sans sacrifier l'un à l'autre. Où dispositif d'écriture et précision analytique soient indissociables. En somme, une façon de rappeler que la littérature est un régime spécifique de la pensée. -
Le ministère des contes publics
Sandra Lucbert
- Verdier
- La Petite Jaune
- 16 Septembre 2021
- 9782378561178
Une maternité ferme. Un accouchement tourne mal. Un enfant meurt. Interpellé, le préfet n'a qu'une chose à dire : « nous sommes comptables de la dette publique ». Et le verrou est mis.
Proposition de la littérature : tourner la clé.
À l'évidence, tout tient dans une formule - mais qu'est-ce qu'elle tient cette formule ? Un ordre, des intérêts, un verrouillage. En guise de quoi on dit : LaDettePubliqueC'estMal. C'est un assommoir : trente ans de répétition, des parleurs, des figures, des grimaces - tous les tours de l'autorité. Qui n'y feront rien : ce seront toujours des contes.
Mauvais livre de contes : l'ouvrir, le désosser, le bazarder.
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Hackers, esthètes, chefs d'entreprise, Agathe Denner et Guillaume Thévenin fascinent autant qu'ils inquiètent. Ils tissent un réseau de relations complexes et souvent cruelles où leur agence d'art numérique tient une place centrale. Lanceurs d'alerte ambigus, séducteurs troubles, ils jouent des naïvetés et piratent les conversations, exploitent indifféremment les failles de leurs rivaux ou de multinationales. Mais du 11e arrondissement parisien à la place Taksim d'Istanbul, en passant par Times Square plongé dans la tourmente, la météorologie imprévisible des mouvements de foule pourrait bien se retourner contre eux.
Sandra Lucbert réarme subtilement le dispositif épistolaire des Liaisons dangereuses : messageries instantanées, mails, réseaux sociaux sont autant d'outils pour questionner le statut de la vie privée, de l'information et des gouvernances. Manipulations, jeux de pouvoir et réputation alimentent les tornades virtuelles et les séismes du quotidien. Ce roman très original, nerveux, montre comment une technologie et ses utilisateurs redessinent les logiques du désir et du politique - nos façons de vivre et d'aimer.
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«Tu crois que je suis en train de rater ma vie ?» C'est ce que se demandent Méta, Raphaël, Pauline et les autres. Ils ont 25 ou 30 ans. Ils entrent dans la vie active. Mais leur parcours ou leur formation leur ont imposé des exigences dont, ils le découvrent, la société n'a que faire. Ils ne savent ni comment s'adapter ni comment se révolter. Tout leur est ouvert, et pourtant tout leur est fermé. Comment se situer dans ce monde où les chemins paraissent brouillés et où le quotidien ressemble à une course d'obstacles ? C'est la question qui est au coeur de ce roman à sept voix, où les trajectoires se combinent dans des situations parfois absurdes jusqu'au burlesque.