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Des Femmes
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Une fête entre amis vire au drame. Pour célébrer les vingt ans de leur rencontre, Daphné et Hadrien organisent une soirée sur le thème des stations de métro. L'ambiance est joyeuse, jusqu'au moment où un des convives tombe du balcon et s'écrase sur le trottoir. Quelques semaines plus tard, c'est au tour d'un autre invité de faire une chute mortelle. La tristesse du deuil laisse alors place aux interrogations. Deux morts si rapprochées peuvent-elles être le fruit du hasard ? C'est à ce moment qu'entre en scène Sylvain Leseudre, employé comme extra lors de la fête.
Cet homme au passé trouble, qui se sent coupable de l'enlèvement de sa petite soeur lorsqu'ils étaient enfants, serait-il impliqué dans ces étranges morts ?
Dans La puissance des ombres (Albin Michel, 2022), Sylvie Germain, avec un sens du rythme très affûté, nous convie dans un univers d'ombre et de lumière proche du thriller, où la chute des corps entraîne aussi celle des âmes. -
Ils ne se connaissent pas et se regardent en chiens de faïence dans le square parisien où quotidiennement ils se croisent. Joséphine, Guillaume, Anaïs, Xavier, Stella, Serge, Émir... Ils entendent d'une oreille l'arrivée lointaine d'un fléau au nom baroque. Mais ils ne s'en préoccupent guère, si ce n'est Magali qui vient de retrouver le goût de vivre, ou lorsqu'ils plongent leurs pensées dans les yeux fiévreux d'un vagabond. Bientôt les voici enfermés, à regretter la présence irritante et rassurante des autres.
« Ah, qu'on lui en donne les moyens, c'est-à-dire du temps, et il écrira son Odyssée, sa Divine Comédie, son Guerre et Paix, son Moby Dick, sa Légende des siècles, son Désert des Tartares, son Crime et châtiment, son Frankenstein, son Bruit et la Fureur, son Vie et destin, son Pavillon d'or... Oui, du temps, du temps rien qu'à lui, et le magma d'images qui couve et bout dans sa tête, le plasma de mots qui gronde et chuinte dans son sang, entreront en éruption, en explosion. Du temps et du silence où laisser résonner toute cette haute clameur. » S.G.
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« Un jour, ils sont là. Un jour, sans aucun souci de l'heure. On ne sait pas d'où ils viennent, ni pourquoi ni comment ils sont entrés. Ils entrent toujours ainsi, à l'improviste et par effraction. Et cela sans faire de bruit, sans dégâts apparents. Ils ont une stupéfiante discrétion de passe-muraille. Ils : les personnages. On ignore tout d'eux, mais d'emblée on sent qu'ils vont durablement imposer leur présence. » S.G.
D'où viennent les personnages des romans et quel chemin suivent-ils dans l'esprit de l'écrivaine ? C'est de cette question que naît une réflexion passionnante sur l'inspiration, née à la fois en soi et en dehors de soi, à la manière de ces personnages surgis de nulle part et pourtant si présents. Créatures immatérielles qui s'incarnent progressivement, jusqu'à sembler échapper au contrôle de leur auteur, ils sont à l'origine du processus d'écriture, participent au surgissement de leur monde. Et c'est sous leur mystérieuse emprise que la romancière se met au travail.