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Gallimard
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La nuit en poésie
Mathilde Aubier
- Gallimard Jeunesse
- Folio Junior En Poesie
- 7 Mars 2024
- 9782075195911
«Les poètes savent que la nuit est immense. Elle coule dans leur sang, elle luit dans leur encre, elle resplendit dans leurs poèmes».
Anna Akhmatova, Ossip Mandelstam, Dora Teitelboïm, Marina Tsvetaïeva, mais aussi Verlaine, Supervielle, Prévert... Un recueil de 60 poèmes rassemblés en 6 nuits poétiques: Nuit passion, Nuit inspirante, Nuit ivresse et liberté, Nuit rêveuse et nuit lunaire, Nuit solitude, Nuit blanche et nuit ténèbre. -
Dans les forêts du Morvan, loin du monde, vivent bûcherons, flotteurs de bois, bouviers, des hommes que les forêts ont faits à leur image, à leur puissance, à leur solitude, à leur dureté. Même l'amour, en eux, prend des accents de colère - c'est ainsi par excès d'amour que Corvol, le riche propriétaire, a égorgé sa belle et sensuelle épouse, Catherine, au bord de l'eau - et la folie rôde : douce, chez Edmée Verselay qui vit dans l'adoration de la Vierge Marie ; ou sous l'espèce d'une faim insatiable, chez Reinette-la-Grasse ; ou d'une extrême violence, chez Ambroise Mauperthuis qui se prend de passion pour Catherine, qu'il n'a vue que morte, et qui s'empare de son corps, puis des biens de Corvol, enfin des enfants de Corvol. Il finira par perdre sa petite-fille Camille, le seul être qu'il ait jamais aimé, par excès d'amour, encore.
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Parti des confins de la terre et de l'eau, Victor-Flandrin Péniel, portant au cou les larmes de son père dont le visage fut sabré en 1870 par un uhlan, et toujours accompagné d'une mystérieuses ombre blonde, viendra s'établir dans un hameau perdu au bout du territoire et encerclé de forêts où rôdent encore les loups. C'est dans ces terres frontalières, par où la guerre sans cesse refait son entrée au pays, et dans la vie et la mémoire des hommes, que Victor-Flandrin, dit Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup, prendra femme, par quatre fois, et engendrera une nombreuse descendance, toute marquée par la gémellité et la violence de la passion. Bien des romans d'aujourd'hui s'emploient à nous montrer les hommes et les femmes broyées par l'histoire. Mais, avec ce récit, cette terrible réalité se transfigure aux dimensions du légendaire, du conte fantastique.
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Un petit enfant en ciré jaune roule sur son tricycle sous l'orage. On dirait un soleil miniature. On lui a crié : «Va au diable !», et il y file, chassé par le vent du malheur. Ainsi commence ce roman de Sylvie Germain où l'on voit ensuite une cavalière décapitée revenir sans sa tête, sur sa jument. Et cette tête demeure introuvable, et donc sans sépulture comme l'ont été tous les morts de la famille de Tobie du côté de la branche paternelle. Déborah, l'arrière-grand-mère de l'enfant, a quitté autrefois son village de Pologne pour émigrer en Amérique, mais, refoulée à Ellis Island, elle a fini par s'installer, après bien des détours, au coeur du Marais poitevin. Elle a traversé l'Histoire du siècle en perdant la plupart des siens, et se tient auprès de Tobie en gardienne de la mémoire. Devenu jeune homme, Tobie se lie d'amitié avec Raphaël et tous deux partent en voyage. Au cours de celui-ci, Tobie fait la connaissance d'un peintre et de sa fille Sarra, aussi belle que maudite... Pour raconter cette histoire riche en merveilleux, en émotions, en amour, Sylvie Germain s'est librement inspirée du célèbre récit biblique, le Livre de Tobie.
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La pleurante des rues de Prague
Sylvie Germain
- GALLIMARD
- L'un Et L'autre
- 21 Février 1992
- 9782070725229
«Cette inconnue, qui donc est-elle ?Une vision, elle-même porteuse, semeuse de visions.Une vision avare de ses apparitions. Elle ne s'est montrée que peu de fois, et toujours très brièvement. Mais chaque fois sa présence fut extrême.Une vision liée à un lieu, émanée des pierres d'une ville. Sa ville. - Prague. Jamais elle n'a paru ailleurs, bien que certainement elle en ait le pouvoir.Cette femme n'a ni nom, ni âge ni visage. Peut-être en a-t-elle, mais elle les tient cachés.Son corps est majestueux, et inquiétant. Elle est immense, une géante. Et elle boite fortement.»Sylvie Germain.
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La narratrice, abandonnée à sa naissance à la porte d'un couvent, vagabondera au fil des ans d'une place à l'autre, à travers la France. C'est comme si elle n'avait pas de vie propre, mais elle participe intensément à celle des autres et aux drames dont elle est le témoin, sondant toujours plus profondément les mystères du coeur et du corps humains en lesquels rôde si souvent la folie. Elle grandit dans les Pyrénées, chez la veuve d'un fusillé, parmi des enfants qui attendent en vain le retour de leurs parents chassés par la guerre, puis dans une auberge où l'on pratique un culte étrange et truculent de l'ours, ensuite dans un manoir où pèse un secret en forme de cruelle mascarade. Devenue adulte, elle est servante dans divers hôtels, dans un bordel champêtre, dans un bistrot de gare, puis à Paris où elle côtoie des gens insolites, parfois inquiétants, et où elle finit chanteuse de rue, attelée à un orgue de Barbarie. Dans la splendide sauvagerie des montagnes et dans celle, bien plus féroce, de la ville, elle ne cessera de creuser et de fortifier sa solitude, ainsi que son don de compassion. La façon dont l'auteur donne la parole à cette paria surprend par la beauté des images, la fulgurance des visions, la violence de certaines scènes, et l'on retrouve la magie de l'écriture et de l'imagination du Livre des Nuits et de Jours de colère.
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«Un jour, ils sont là. Un jour, sans aucun souci de l'heure. On ne sait pas d'où ils viennent, ni pourquoi ni comment ils sont entrés. Ils entrent toujours ainsi, à l'improviste et par effraction. Et cela sans faire de bruit, sans dégâts apparents. Ils ont une stupéfiante discrétion de passe-muraille. Ils : les personnages. On ignore tout d'eux, mais d'emblée on sent qu'ils vont durablement imposer leur présence. Et on aura beau feindre n'avoir rien remarqué, tenter de les décourager en les négligeant, voire en se moquant d'eux, ils resteront là. Là, en nous, derrière l'os du front, ainsi qu'une peinture rupestre au fond d'une grotte, nimbée d'obscurité. Une peinture en grisaille, mais bientôt obsédante. Là, à la frontière entre le rêve et la veille, au seuil de la conscience. Et ils brouillent cette mince frontière, la traversent continuellement avec l'agilité d'un contrebandier, la déplaçant, la distordant. Là, plantés sur ce seuil mouvant avec la violence immobile et mutique d'un mendiant qui a jeté sur vous son dévolu et qui ne partira pas avant d'avoir obtenu ce qu'il veut.» Sylvie Germain.
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Autour de Prokop Poupa, professeur de littérature réduit à l'état de balayeur dans les rues de Prague, évoluent quelques hommes et femmes marginalisés par la dissidence. Chacun, par dérision, imagine qu'un dieu Lare veille sur lui. L'un le situe dans sa cuisine, un autre sur le balcon, au grenier ou à la cave; Prokop, lui, place son dieu Lare dans les cabinets qui deviennent un haut lieu de lecture, de méditation et de doutes.Arrive la révolution. Certains de ses amis retrouvent une place, voire de l'importance, dans la nouvelle société; pour d'autres, il est trop tard. Prokop, lui, dérive hors de ce clivage entre l'ancien et le nouveau, il erre en solitaire dans les immensités du songe, de la folie humaine, et du silence de Dieu, jusqu'à s'échouer parfois dans des rêveries hallucinées sur la douleur de ceux qui ont été déchus du bonheur d'aimer, et plus encore sur le malheur de ceux qui ont été traîtres à l'amour. Toujours déambulant dans les rues de sa ville, entre le vide et l'espérance, Prokop ne sait plus rien sinon qu'il n'est rien, et ce constat est consentement; il «offre ce rien dans les ténèbres», au fond desquelles peut-être gît l'inespéré.
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Le premier mort de l'après-guerre est un enfant. Petit-Tambour, tué dans la forêt au cours d'un accident de chasse. Et cette enfance qui a perdu son corps se fera don, - un don obscur de douleur et d'espoir, aux vivants et aux morts à venir, ainsi qu'aux arbres. Un grand if se met en marche pour prendre racine sur sa tombe ; le tourbillon de baies, que sèmeront ses branches emportera Pauline, la mère, et le père, Baptiste, s'effacera doucement au fil des larmes sans fin versées par son corps qui sans elle ne peut vivre. Alors le second fils, Charles-Victor, dit Nuit-d'Ambre, livré à l'abandon, se voudra habité par la colère et la haine. Le roman est l'histoire de ce voyage au bout du mal jusqu'à ce que, comme Jacob dans la Bible, il soit enfin terrassé par l'Ange. Après Le Livre des Nuits, Sylvie Germain nous offre ici une oeuvre foisonnante d'épisodes étranges, dont chaque page semble traversée par un souffle d'Apocalypse et où, comme le dit Schelling, «la vérité redevient fable et la fable vérité».
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Ludvik M. avait quitté Prague quand son pays souffrait d'une «cécité de l'âme». À l'Ouest, il avait connu un grand amour avec Esther. Puis Esther l'avait trahi et il s'était ensuivi un exil à rebours. Il était revenu à Prague.Là désormais, tout devient étrange, se pare d'irréalité. Tandis que celui qui fut son maître très admiré dans sa jeunesse, Joachym Brum, entre en une longue agonie et ne meurt qu'au jour qu'il a choisi, Ludvik ne cesse de faire des rencontres insolites. Au restaurant, à la Caisse d'Épargne, chez un kiosquier ou à l'hôpital, tous ses interlocuteurs lui tiennent des propos étranges où constamment revient le thème du sel, symbole de pureté, d'innocence, et aussi de feu intérieur, des larmes et de l'offrande à Dieu, lequel s'obstine ici dans un troublant silence.Mais l'irréalité croissante qui s'engouffre dans sa vie révèle en fait à Ludvik un surcroît de réalité, et à l'ombre du grand Rabbi Loew il retrouve enfin le goût du sel de la vie qu'il avait si longtemps laissé s'affadir.
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«Tous ceux et celles que l'amour a saisis, et qui s'en vont transis de la pensée de l'autre, ardés par le regard de l'autre, marchent ainsi en somnanbules. Ils ont la tête ailleurs, comme on dit. Leur front est resté lové dans la chaleur et dans l'odeur du cou de l'autre, appuyé contre son épaule. Ils, elles, portent leur tête en offrande à l'aimée, à l'élu, à moins que ce ne soit la tête de l'autre qu'ils, elles, portent ainsi en très secrète et tendre procession.Oui, on a vraiment la tête ailleurs lorsqu'on est amoureux, - alors, quand c'est pour l'Éternel que l'on s'est enflammé, on a la tête infiniment ailleurs. On est un funambule, avec, en guise de balancier, son coeur en bandoulière et sa tête épanouie tel un bouquet de fleurs de mai.Tous ceux et celles que l'amour a ravis sont des céphalophores, des êtres en proie à une miraculeuse catastrophe.»Sylvie Germain.
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Une petit fille, Lucie Daubigné, vit une enfance paisible et heureuse dans un village du Berry, au coeur des landes et des marais peuplés d'oiseaux, d'insectes, de crapauds et de fées invisibles. Les voix des bêtes, du vent et des légendes restées vivantes tissent le chant de la terre. Un chant plein de douceur.Mais le calme bonheur du lieu et de l'enfance est soudain brisé. Un ogre rôde dans le pays, avide de corps de petites filles. La douleur et le deuil se lèvent sur son passage. Lucie devient la proie de l'ogre. Mais, si celui-ci ne la tue pas, comme ses autres victimes, il détruit peu à peu en elle l'innocence, la joie de vivre, l'amour et la bonté. Lucie, rongée par son secret de honte et de souffrance, se transforme en une créature maigre, laide et haineuse. Elle s'ensauvage. Le chant de la terre devient un chant de guerre et de vengeance. Armée de la seule force de son regard, l'Enfant Méduse entreprend le combat contre l'ogre. Lucie vaincra, mais ni la paix, ni l'innocence ne lui seront rendues. La douleur, la violence et la haine ont pris trop profondément racine en elle. Il faudra longtemps à Lucie, très longtemps, pour réapprendre à vivre en paix avec le mal, avec les autres et elle-même...
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