«Je suis l'auteur de la "gueule" et du "cucul" - c'est sous le signe de ces deux puissants mythes que j'ai fait mon entrée dans la littérature polonaise. Mais que signifie "faire une gueule" à quelqu'un ou "encuculer" quelqu'un ? "Faire une gueule" à un homme, c'est l'affubler d'un autre visage que le sien, le déformer... Et "l'encuculement" est un procédé similaire, à cette différence près qu'il consiste à traiter un adulte comme un enfant, à l'infantiliser. Comme vous le voyez, ces deux métaphores sont relatives à l'acte de déformation que commet un homme sur un autre. Et si j'occupe dans la littérature une place à part, c'est sans doute essentiellement parce que j'ai mis en évidence l'extraordinaire importance de la forme dans la vie tant sociale que personnelle de l'être humain. "L'homme crée l'homme" - tel était mon point de départ en psychologie.» (W. Gombrowicz, Souvenirs de Pologne.).
L'immense Witold Gombrowicz, enfant terrible de la littérature polonaise, n'a pas fini de nous surprendre... Ce nouveau volume rassemble divers textes, dont de nombreux inédits, qui mettent en lumière son intense créativité littéraire dans les années 1930.
On y découvrira notamment la passionnante genèse de Ferdydurke, son grand roman devenu un classique de la littérature européenne du XXe siècle. On a presque l'impression, à le lire, d'être penché sur l'épaule même du jeune écrivain en train de tâtonner, à la recherche de la forme idéale à donner à son roman, emprunter différents chemins et faire montre, déjà, de toute sa fantaisie poétique et de son irrévérence légendaire.
Entretiens, textes critiques mais aussi interventions polémiques viennent éclairer de manière aussi magistrale que passionnante la conception que se faisait Gombrowicz de la littérature, de son époque et de sa propre personnalité.
«Perdu, couvert de sueur, je sentais à mes pieds la terre noire et nue. Là, entre les branches, il y avait quelque chose qui dépassait, quelque chose d'autre, d'étrange, d'imprécis. Et mon compagnon aussi regardait cela.
- Un moineau.
- Ouais.
C'était un moineau. Un moineau à l'extrémité d'un fil de fer. Pendu. Avec sa petite tête inclinée et son petit bec ouvert. Il pendait à un mince fil de fer accroché à une branche. Bizarre.»
Le Journal de Gombrowicz a été publié pour la première fois en Pologne en 1986 dans son oeuvre complète. Interdit pendant le régime communiste, il avait toutefois pénétré en Pologne sous le manteau, apportant à ses lecteurs l'oxygène de la liberté.
Le Journal est l'oeuvre de Gombrowicz la plus personnelle, la plus polonaise mais aussi la plus universelle. La défense de son moi n'est autre que la défense de l'individu à une époque où l'on niait son existence.
Démystificateur mais humaniste, iconoclaste mais moraliste, Gombrowicz a posé sur le monde un regard neuf : la peinture, la musique, la littérature, la philosophie, le communisme, le catholicisme, la jeunesse, les femmes, les Juifs, les Argentins, la douleur, l'agonie, la mort. On y trouve aussi des récits de voyage, des textes lyriques ou humoristiques. D'une richesse incomparable - autobiographie en mouvement, essai et oeuvre d'art -, le Journal de Gombrowicz occupe une place unique dans la littérature contemporaine.
Tous les lecteurs de Witold Gombrowicz connaissent son Journal, mais personne à ce jour ne soupçonnait l'existence d'un autre journal, sulfureux, celui dont l'auteur disait à sa femme Rita : « Si la maison brûle, prends le Kronos et cours le plus vite possible. » Le manuscrit était resté totalement secret, après la mort de Gombrowicz en 1969 à Vence. De ce paquet de feuilles manuscrites, l'auteur surgit, mis à nu.
Gombrowicz retrace sa vie année après année depuis 1922. Les ennuis de santé et d'argent. Les lieux. La gloire tardive qui l'atteint. La sexualité sans fard. C'est la coulisse de l'OEuvre, le laboratoire ouvert à notre regard.
Paru en feuilleton simultanément dans deux quotidiens polonais durant l'été 1939, ce roman fut interrompu par la guerre.
Les trois derniers chapitres, qu'on avait crus définitivement perdus, ont été retrouvés en 1986 et confèrent au roman un étonnant dénouement. " dans les envoûtés, le génie de gombrowicz bouleverse les données traditionnelles du roman noir. il explore ici sa propre légende et révèle son originalité : dédoublement, amour-haine, répulsion, possession et culpabilité. " (paul kalinine) voici, en format de poche, la première édition intégrale des envoûtés.
Un itinéraire désacralisant à travers les interprétations de l'homme et du monde qui ont fondé l'Occident moderne. De Kant à Hegel, de Schopenhauer à Kierkegaard, de Sartre à Heidegger, l'excentrique leçon de philosophie du plus grand écrivain polonais de ce siècle. En six heures un quart, Gombrowicz (1904-1969) réduit à sa plus simple expression l'histoire de la pensée, laissant au marxisme le quart d'heure final.
Un texte plein d'humour, de brillantes intuitions et de fureurs contre une philosophie désormais loin de la vie et des problèmes réels de l'homme. Ce bref essai est, au fond, une sorte d'antimanuel et en même temps une déclaration d'amour tragi-comique pour la philosophie.
« Dans la Pornographie, j'ai abandonné la distance que donne l'humour. Ce n'est pas une satire, mais un roman, un roman classique. Le roman de deux messieurs sur le retour et d'un couple d'adolescents ; un roman sensuellement métaphysique. Quelle honte ! » Encore une remarque, même si elle me fait soupçonner de mégalomanie :
« Et si la Pornographie était une tentative de renouveler l'érotisme polonais ? Une tentative de retrouver un érotisme qui correspondrait davantage à notre sort et à notre histoire récente faite de viols, d'esclavage, de luttes de chiots, une descente vers les obscurs confins de la conscience et du corps ? » (Witold Gombrowicz, 1962)
Yvonne, princesse de Bourgogne - Le Mariage - L'Histoire (Opérette) - Opérette.
À la fois fasciné et rebuté par la forme théâtrale qu'il qualifiait de «perfide, répugnante, incommode, rigide et désuète», Witold Gombrowicz a pourtant écrit trois pièces de théâtre, à des dates charnières de sa vie :
Varsovie, 1938 : Yvonne, princesse de Bourgogne, sa première oeuvre écrite après les récits des Mémoires du temps de l'immaturité, parodie shakespearienne qui contient déjà sa hantise de l'«anarchie illimitée de la forme».
Buenos Aires, 1948 : Le mariage, sa Missa solemnis de l'église interhumaine, texte fondateur de son retour à la littérature après la guerre.
Vence, 1966 : Opérette, sa dernière oeuvre, aboutissement stylisé de ses thèmes majeurs de la forme et de l'immaturité. «Salut, Jeunesse à jamais nue ! Nudité jeune à jamais, salut !» Gombrowicz avait écrit deux versions inachevées d'Opérette : Opérette 1950-1951 et L'histoire (Opérette) 1958-1960.
Enfin, son dernier projet littéraire, au moment de sa mort en juillet 1969, était une pièce de théâtre avec un seul personnage confronté à la douleur d'une mouche.
Trad. du polonais par Koukou Chanska, Constantin Jelenski, Georges Sédir et Geneviève Serreau. Édition de Rita Gombrowicz.
Le journal de gombrowicz a été publié pour la première fois en pologne en 1986 dans son oeuvre complète.
Interdit pendant le régime communiste, il avait toutefois pénétré en pologne sous le manteau, apportant à ses lecteurs l'oxygène e la liberté.
Le journal est l'oeuvre de gombrowicz la plus personnelle, la plus polonaise mais aussi la plus universelle. la défense de son moi n'est autre que la défense de l'individu à une époque où l'on niait son existence.
Démystificateur mais humaniste, iconoclaste mais moraliste, gombrowicz a posé sur le monde un regard neuf : la peinture, la musique, la littérature, la philosophie, le communisme, le catholicisme, la jeunesse, les femmes, les juifs, les argentins, la douleur, l'agonie, la mort.
On y trouve aussi des récits de voyage, des textes lyriques ou humoristiques. d'une richesse incomparable -autobiographie en mouvement, essai et oeuvre d'art -, le journal de gombrowicz occupe une place unique dans la littérature contemporaine.
«Je n'idolâtrais pas la poésie, je n'étais pas excessivement progressiste ni moderne, je n'étais pas un intellectuel typique, je n'étais ni nationaliste, ni catholique, ni communiste, ni homme de droite, je ne vénérais ni la science, ni l'art, ni Marx - qui étais-je donc? Le plus souvent, j'étais simplement la négation de tout ce qu'affirmait mon interlocuteur...» Gombrowicz, 1961.
" dans une prose archaïque, parlée plus qu'écrite, je raconte comment, à la veille de la guerre, j'atterris en argentine, comment l'explosion de la guerre m'y surprit.
Moi, gombrowicz, je fais la connaissance d'un " puto " (pédé) amoureux d'un jeune polonais, et les circonstances me font l'arbitre de la situation : je peux précipiter le jeune homme dans les bras du pédéraste, ou faire en sorte qu'il reste auprès de son père, un commandant polonais vieux jeu, très honnête et très honorable. (. ) que choisir ? la fidélité au passé. ou la liberté d'un devenir ouvert ? (.
) qu'il se crée lui-même ? dilemme qui aboutit dans le roman à un éclat de rire général qui dépasse jusqu'à ce dilemme. ".
En 1944 et 1945, Witold Gombrowicz, alors exilé en Argentine, écrit en espagnol pour une revue d'inspiration médicale Viva cien años, une suite de huit articles consacrée à la femme sud-américaine. Il espérait alors trouver un éditeur argentin qui les publierait et « gagner ainsi beaucoup d'agent ». Un espoir malheureusement resté vain à l'époque.
Sept de ces textes furent ensuite publiés en français en 1988 dans la revue littéraire Le Promeneur puis dans le recueil Varia II en 1989.
Aujourd'hui, les huit articles, dont un inédit en France, sont réunis pour la première fois dans un seul et unique volume. 75 ans plus tard, le souhait de Witold Gombrowicz est enfin exaucé !
Etre invité aux dîners du vendredi chez la comtesse fritouille est un immense honneur : convives élégants, nourriture végétarienne et délicate, conversation raffinée.
Mais certaines réceptions peuvent être surprenantes... surprenants aussi ce juge d'instruction qui veut prouver à tout prix qu'ignace k est mort assassiné, ou alice, jeune fille vierge, qui utilise son innocence avec une naïveté dérangeante. avec un humour décapant, gombrowicz nous fait pénétrer dans un monde où la fable grimaçante côtoie le grotesque et la réalité frôle sans cesse l'absurde.
En 1934, le jeune Witold Gombrowicz commence à rédiger des critiques littéraires pour plusieurs journaux polonais. Ainsi que le révèlent les textes réunis dans ce volume, dont un tiers sont inédits en français, écrire au sujet de tel romancier, désigné comme ami ou comme ennemi, ou afin de protester contre le traitement qu'on lui inflige, c'est souvent pour l'auteur de Ferdydurke l'occasion de débusquer les faux-semblants, de dénoncer les hypocrisies d'une époque riche en controverses. Gombrovicz se livre dans ces pages, en creux, à une sorte d'autoportrait coloré, à la fois profus et précis dans la réflexion, jamais à court de formules pertinentes, provocantes ; le ton est acerbe, tout d'ironie généreuse. Dans plusieurs brefs récits inclus dans le présent volume - autre facette de son écriture -, l'écrivain pose un regard plein d'humour et de perspicacité sur quelques paysages de son pays, ainsi que sur celui de l'Italie fasciste.
Comment être polonais ? Telle est la question politique et existentielle que n'a cessé de poser Gombrovicz, tout le long des années 1930. En juillet 1939, il prend le bateau pour l'Argentine ; peu après, la Pologne est envahie, puis annexée par l'Allemagne nazie et l'Union soviétique. Cet écrivain qui vivait déjà une forme d'exil intérieur, en son pays d'origine, se voit définitivement privé de sa terre natale. Suivent de longues années de pauvreté à Buenos Aires. Malgré la censure - seul l'Instytut Literacki, en France, qui publie l'influente revue émigrée Kultura, est à même d'éditer ses oeuvres en langue polonaise -, Gombrowicz continue d'exprimer son refus de tout nationalisme et le goût d'une littérature libre de toutes règles :
« Je veux seulement servir ma vérité intérieure », déclare-t-il en 1954 à Glos Polski, journal de la communauté polonaise en Argentine.
Dans les années 1960, Gombrowicz est désormais publié dans plusieurs pays, mais, comme le révèlent les entretiens inclus dans ce volume, il trouve encore de nombreuses occasions, avant sa mort prématurée en 1969, de défendre son point de vue singulier, d'un égotisme audacieux et lucide, à l'écart de l'idéologie et des contraintes de la société.
« Je suis un humoriste, un plaisantin, je suis un acrobate et un provocateur. Mes ouvrages font le pied au mur pour plaire, je suis cirque, lyrisme, poésie, horreur, bagarre, jeu, que voulez-vous de plus ? » Ces entretiens font vivre l'aventure capitale d'une création moderne qui démonte, renverse les formes en usage, accepte ouvertement les contradictions et dynamite toute théorie. Face à Dominique de Roux, Gombrowicz répond avec l'acuité, l'humour, la prescience, le style même de son oeuvre.
Je n'idolâtrais pas la poésie, je n'étais pas excessivement progressiste ni moderne, je n'étais pas un intellectuel typique, je n'étais ni nationaliste, ni catholique, ni communiste, ni homme de droite, je ne vénérais ni la science, ni l'art, ni marx.
- qui étais-je donc ?
Le plus souvent, j'étais simplement la négation de tout ce qu'affirmait mon interlocuteur.
Gombrowicz, 1961.
Les lecteurs du Journal de Gombrowicz savent que celui-ci a passé vingt-quatre années de son existence en Argentine.
Au mois d'août 1939, il avait été invité à la croisière de lancement du Chrobry, un transatlantique polonais circulant sur la ligne Gdynia-Buenos Aires. Entre le départ et l'arrivée, la Pologne était envahie, la guerre déclarée et Gombrowicz contraint de rester en Argentine, exil qui se poursuivit après la guerre, l'écrivain étant peu soucieux de rejoindre la nouvelle Pologne.
Vers 1960, Radio-Free-Europe lui demanda une série de conférences destinées aux auditeurs de la Pologne qui venait de changer d'occupant. On savait qu'il avait rédigé ces textes, on ne savait pas s'ils avaient été diffusés, on les croyait perdus.
Lorsque Gombrowicz rentra en Europe en 1963, il avait dans ses bagages plusieurs valises de manuscrits. Après sa mort en 1969, celles-ci accompagnèrent sa veuve, Rita Gombrowicz, à Milan où elle s'était établie ; des amis de Buenos Aires lui expédièrent plus tard une dernière valise de documents qu'elle entreprit de mettre en ordre. C'est là qu'elle trouva un dossier contenant les textes des causeries destinées à Radio-Free-Europe, dont quarante intitulées Souvenirs de Pologne (Christian Bourgois Editeur, 1984) et une vingtaine consacrées à l'Argentine. Ce sont ces dernières qui composent le présent volume, publié en 1984 puis réédité en 1994.
« Je suis arrivé à Paris après vingt-quatre ans d'Argentine, tourmenté par des sentiments chaotiques et douloureux. Les quelques chapitres de ce petit livre ne sont attention ! qu'un fragment de mon Journal, que j'écris depuis quinze ans et qui compte déjà trois volumes, plus de mille pages.
C'est entendu, je suis anti-parisien. Cependant, à travers Paris, c'est plutôt toute une culture européenne que je vise, dont Paris est le maître et le champion. Derrière la frivolité de ces notes hâtives et passagères, vous retrouverez non seulement mon Journal, mais aussi mes romans, mes contes, mes pièces de théâtre tout un petit monde personnel tendu vers la même problématique. Je veux dire que ce ne sont pas les impressions d'un promeneur, d'un touriste. Ces notes sont organiques. » (Witold Gombrowicz)