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Littérature
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A peine son père a-t-il été pendu haut et court que le jeune garçon est chassé de son village, trahi par le maître d'école et traqué par les bonnes gens.
Il entame sa propédeutique du mal à l'école d'un homme des bois qui l'initie au braconnage, aux rapines et aux détroussages furtifs sur les chemins qui traversent une sombre forêt boréale. L'initiation se poursuit sur le mode macabre et métaphysique dans les catacombes d'un monastère où le novice a la tâche d'édifier un vaste monument funèbre en agençant crânes et ossements. Il est alors promu émissaire d'un Dieu vengeur et s'en va plein sud.
Le vrai baptême du sang se fera au passage de la ligne, dans l'eau rougie, lors d'un massacre de Léviathans. Commence alors, par les plaines arides et les gorges hérissées d'aloès, l'inexorable descente du cavalier sur son cheval blême, vers l'envers du monde où le mal triomphe dans l'avilissement et le carnage.
Le Cavalier est une allégorie foisonnante, poétique et sombre qui allie subtilement mythe, réalisme magique et faits historiques pour nous raconter la conquête et la colonisation de l'Afrique du Sud.
Les aventures du protagoniste, sur fond d'Apocalypse, la mission dont il s'acquitte inexorablement, dans une débauche d'images où se retrouvent Boccace, Dante, Bosch et Melville, sont une interrogation sur le mal, la violence et le vice qui convulsent le Sud. et le reste du monde.
Traduit de l'anglais par Catherine Glenn-Lauga.
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Tapisserie a l'ibis (la)
Mike Nicol, Catherine Lauga Du Plessis
- Le Seuil
- Cadre Vert
- 7 Mai 2004
- 9782020311861
Le roman se présente comme une enquête, plutôt journalistique que policière, menée par un certain Robert Poley.
Pourquoi Christo Mercer, homme d'affaires sud-africain, est-il mort poignardé en 1994 à Malitia, en Afrique sahelienne ? Pour élucider ce meurtre, un certain N.S jette son dévolu sur Robert Poley, écrivain de polars à succès, en lui postant un ordinateur portable, un e-mail cryptique et divers documents d'origine mystérieuse, dont un cahier dans lequel le mort a consigné 4571 rêves, cauchemars hantés par le mal et la destruction, à dater de 1975 quand il a abattu un soldat cubain à la frontière de la Namibie et de l'Angola, puis est devenu marchand d'armes, espion peut-être, âme damnée du seigneur de la guerre Ibn-el-Tamern (cf le Tamerlan, autre "prince de la destruction" de l'élizabethain Christopher Marlowe). L'enquête qui s'ensuit, à laquelle Poley, en pleine crise conjugale, se raccroche désespéremment, est plus métaphysique que journalistique. Elle met au jour plus d'un pacte avec le diable : trafics d'armes, histoires d'amour cruel, immolations rituelles et pire encore, révélant un monde où la vie humaine ne vaut pas cher et où les victimes ne cessent jamais de hanter les bourreaux.
La tapisserie du roman tisse les halluciantions de Mercer, les échos incantatoires du drame élizabethain (comme Tamerlan qui fit exécuter quatre vierges sous les remparts de Damas, Ibn-el-Tamern ordonne de tirer sur quatre jeunes filles pendant le siège de Djaino), les récits contradictoires de ceux qui ont connu Mercer et les notes de Poley, plaqué sa femme pour une autre femme et dont la vie part à vau-l'eau.
Pour le coup, il se fait le ventriloque d'une tragédie dont on n'a pas fini, en refermant ce livre foisonnant et original, de sonder les profondeurs infernales.
Très vite Mercer n'est plus que le prétexte d'une fresque qui le dépasse et où l'histoire, l'actualité et la fiction se fondent les unes dans les autres. Avec Poley on plonge dans l'Afrique du Sud de 1995, date à laquelle le pays met fin officiellement à l'apartheid et affronte ses démons et les enquêtes de la Commission Vérité et Réconciliation dans un déchaînement de la plus grande violence.
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