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Sciences humaines & sociales
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Il y a vingt-cinq ans, dans la chine des Royaumes Combattants, était rédigé le premier traité sur l'art de la guerre. Pour atteindre la victoire, le stratège habile s'appuie sur sa puissance, mais plus encore le moral des hommes, les circonstances qui l'entourent et l'information dont il dispose. La guerre doit être remportée avant même d'avoir engagé le combat.
Sun Tzu ne décrit pas des batailles grandioses et le fracas des épées, pas plus qu'il n'énumère des techniques vouées à l'obsolescence : L'Art de la guerre est un précieux traité de stratégie, un grand classique de la pensée politique, et une leçon de sagesse à l'usage des meneurs d'hommes.
Autant que de courage, la victoire est affirme d'intelligence. -
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Jean-Jacques Rousseau
- Culturea
- 15 Septembre 2022
- 9782382748664
Rousseau distingue d'abord l'inégalité naturelle (celle des forts et des faibles) qui a toujours existé, et l'inégalité sociale dont il veut montrer l'origine. Dans la première partie du livre il évoque l'homme primitif qui vit heureux dans la nature, guidé par ses instincts, hors de toute société, si bien que le faible n'est pas soumis au fort. Un instinct, d'ailleurs, le pousse à éviter de nuire à ses semblables. Dans une deuxième partie Rousseau montre comment s'est créée la société : après cette période heureuse où l'homme se contentait des produits de la nature, l'agriculture a conduit à partager la terre, les plus forts ayant la meilleure part, et à créer des lois pour protéger les propriétés. Ainsi la société a fixé les inégalités et ses lois ne font que les renforcer.
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Ce livre publié en 1762 s'inscrit dans la continuité du Discours sur l'Inégalité (1755). Après avoir analysé la manière dont l'homme est passé de « l'état de nature » (c'est-à-dire de la vie sauvage) à « l'état civil » (la vie sociale), Rousseau cherche à établir les principes sur lesquels peut se fonder une société qui ne serait plus régie par la loi du plus fort, mais par un contrat établi librement entre tous ses membres. Il jette ainsi les bases d'un gouvernement démocratique idéal. Ses réflexions, exposées dans une suite de chapitres très courts (mais très denses) rigoureusement organisés, ont eu une influence fondamentale sur les acteurs de la Révolution de 1789. La présente édition fait précéder cet ouvrage d'une « introduction » de 60 pages qui l'analyse et le commente.
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"Chez les fous" d'Albert Londres explore le monde des institutions psychiatriques et offre un témoignage sur la condition des personnes internées. Voici un résumé possible de l'oeuvre :
Albert Londres plonge dans l'univers méconnu des asiles psychiatriques du début du XXe siècle. À travers ses observations, il dépeint la vie quotidienne des patients, les traitements qu'ils subissent, et les conditions souvent difficiles auxquelles ils font face.
L'auteur utilise son style journalistique distinctif pour décrire les différentes personnalités qu'il rencontre parmi les patients et le personnel soignant. Il explore les méthodes de traitement de l'époque, mettant en lumière les aspects controversés et parfois inhumains des pratiques psychiatriques de son temps.
Londres cherche également à sensibiliser ses lecteurs aux conditions de vie des personnes atteintes de troubles mentaux, soulignant les enjeux sociaux et médicaux liés à la santé mentale. Il interroge la société sur sa perception des maladies mentales et remet en question les normes de traitement de l'époque.
En résumé, "Chez les fous" est une oeuvre engagée qui offre un regard percutant et souvent dérangeant sur le traitement des personnes atteintes de troubles mentaux à une époque où la compréhension de la santé mentale était limitée et souvent stigmatisée. -
"Discours de la Méthode" est une oeuvre philosophique de René Descartes publiée en 1637, où il présente une méthode pour parvenir à une connaissance certaine. Le texte est divisé en six parties. Descartes raconte d'abord son parcours intellectuel et ses voyages. Il énonce ensuite quatre règles fondamentales pour guider la pensée : la clarté et l'évidence, l'analyse, la synthèse, et la vérification complète. Il applique sa méthode à diverses disciplines, proposant une restructuration du savoir fondée sur des principes évidents et progressifs. Descartes aborde également des questions métaphysiques, prouvant l'existence de Dieu et la distinction entre l'âme et le corps, avec la fameuse phrase "Je pense, donc je suis" (Cogito, ergo sum). Enfin, il discute des applications pratiques de sa méthode dans les sciences et exprime son optimisme quant aux progrès futurs que la science pourrait apporter à l'humanité.
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De sa vingtième à sa cinquantième année, Tolstoï a construit l'essentiel de son oeuvre romanesque: il est alors le plus grand écrivain de langue russe, célébré dans le monde entier. Mais à cinquante ans, il est victime d'un ébranlement intérieur. Jusqu'à la fin de sa vie, il a alors recherché, chez les philosophes d'abord, puis dans la religion, le sens caché de l'existence, se donnant pour mission de se sauver lui-même, et toute l'humanité avec. C'est ce moment de bascule, où Tolstoï en pleine gloire a décidé de se retirer du monde, qui a toujours fasciné le grand écrivain viennois Stefan Zweig.
La présentation de Stefan Zweig s'ouvre sur un Tourgueniev moribond qui, du fond de sa couche, rédige quelques mots à l'attention de Tolstoï pour le supplier de reprendre la plume (« Revenez à la littérature ! C'est votre don véritable. Grand écrivain de la terre russe, entendez ma prière ! »). Avec cette scène inaugurale, Zweig amène aussitôt le lecteur au moment clé de la biographie de Tolstoï : vers sa cinquantième année, l'écrivain russe est victime d'un ébranlement intérieur qui va le pousser à rechercher sans fin, chez les philosophes d'abord, puis dans la religion, le sens caché de la vie. Zweig ne cache pas son admiration pour celui qui s'est alors donné pour mission de se sauver lui-même, et toute l'humanité avec. -
Le Droit à la Paresse est un essai écrit par Paul Lafargue, un homme politique et théoricien socialiste français du XIXe siècle. Ce texte, publié pour la première fois en 1880, propose une critique de l'organisation du travail et du capitalisme de l'époque.
Lafargue, gendre de Karl Marx, aborde la question de l'épuisement des travailleurs et de l'exploitation inhérente au système capitaliste. Il explore l'idée que le progrès technologique devrait conduire à une réduction du temps de travail plutôt qu'à une augmentation, permettant ainsi aux individus de profiter davantage de leur vie en dehors du travail.
L'idée centrale de l'essai est que la paresse, comprise comme la réduction du temps de travail nécessaire à la production des biens essentiels, devrait être considérée comme un droit. Lafargue soutient que cette réduction du temps de travail libérerait du temps pour des activités plus enrichissantes sur le plan personnel et culturel.
Le Droit à la Paresse a eu une influence significative sur les mouvements socialistes et syndicaux de l'époque, et il continue d'être étudié et discuté dans le contexte des débats sur la réduction du temps de travail et la qualité de vie des travailleurs. -
L'Origine des espèces (titre original : On the Origin of Species) est un ouvrage révolutionnaire écrit par le naturaliste britannique Charles Darwin. Il a été publié en 1859 et est l'un des livres les plus influents de l'histoire des sciences.
L'ouvrage présente la théorie de l'évolution par la sélection naturelle. Darwin y explique comment les espèces évoluent au fil du temps par le biais d'un processus de sélection naturelle, où les individus les mieux adaptés à leur environnement ont de meilleures chances de survie et de reproduction, transmettant ainsi leurs caractéristiques à leur descendance. Cette théorie remettait en question les idées créationnistes et fixistes qui prévalaient à l'époque.
Dans L'Origine des espèces, Darwin fournit une abondance de preuves provenant de la biologie, de la géologie, de la paléontologie et de l'observation des espèces dans la nature pour étayer sa théorie. Il évoque également des concepts tels que la divergence évolutive, l'adaptation, et la formation de nouvelles espèces.
La publication de ce livre a suscité un débat considérable et des controverses, tant dans les milieux scientifiques que religieux, et a eu un impact profond sur notre compréhension de la biologie et de la diversité de la vie sur Terre. La théorie de l'évolution de Darwin est aujourd'hui largement acceptée et constitue l'un des fondements de la biologie moderne.
En résumé, L'Origine des espèces de Charles Darwin est un ouvrage majeur qui présente la théorie de l'évolution par la sélection naturelle, révolutionnant notre compréhension de la diversité de la vie et de son origine. Il a eu un impact durable sur la science et la manière dont nous percevons le monde naturel. -
"Les Rêveries du Promeneur Solitaire" est un ouvrage posthume de Jean-Jacques Rousseau, un écrivain et philosophe français du XVIIIe siècle, publié en 1782, après sa mort. Cet ouvrage se compose de dix promenades, ou méditations, dans lesquelles Rousseau partage ses réflexions intimes sur la nature humaine, la société, la liberté et le bonheur. À travers ces promenades, Rousseau explore ses propres sentiments de solitude et de méditation, ainsi que sa relation avec la nature et avec lui-même. "Les Rêveries du Promeneur Solitaire" sont saluées pour leur prose élégante, leur profondeur philosophique et leur exploration des thèmes existentiels. Elles offrent un aperçu fascinant de l'esprit tourmenté de Rousseau à la fin de sa vie et ont exercé une influence durable sur la littérature et la philosophie occidentales.
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Dans Emile Rousseau expose ses idées sur l'éducation des enfants, idées révolutionnaires pour l'époque : il faut éviter les contraintes, laisser l'enfant développer librement ses talents naturels et son sens inné de la morale, ne pas l'obliger à apprendre quoi que ce soit ni à respecter les règles sociales et morales, mais lui donner l'envie de le faire.
Ce livre n'est pas un manuel théorique, mais le récit de l'enfance et de l'adolescence d'un jeune homme, Emile, qui reçoit l'éducation que Rousseau juge idéale. -
Au travers de son expérience exceptionnelle, Sénèque cherche à prolonger l'expérience de vie de tout un chacun en la débarrassant des fausses croyances qui l'encombrent sans lui apporter de richesse supplémentaire. Il nous aide ainsi à évaluer ce qu'est une vie vraiment vécue et un bonheur à portée de main davantage qu'un bonheur imaginé...
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"La Morale Anarchiste" est un essai écrit par Pierre Kropotkine, un géographe, scientifique et philosophe russe, publié pour la première fois en 1890. Dans cet ouvrage, Kropotkine explore les fondements moraux de l'anarchisme, un mouvement politique et social qui prône la liberté individuelle et la coopération volontaire plutôt que l'autorité et la coercition. Kropotkine soutient que la morale anarchiste repose sur des principes d'altruisme, de solidarité et de respect mutuel, plutôt que sur des règles imposées de l'extérieur par des institutions étatiques ou religieuses. Il propose également que la véritable moralité émerge de la conscience humaine et des interactions sociales, plutôt que d'être dictée par des codes préétablis. "La Morale Anarchiste" est salué pour sa vision radicale de la moralité et pour son argumentation en faveur d'une société fondée sur des principes de liberté, d'égalité et de coopération volontaire.
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Dans cet ouvrage, Sigmund Freud explore la relation entre la morale sexuelle dans la société civilisée et l'émergence de maladies nerveuses dans la vie moderne. Freud soutient que les normes sexuelles rigides imposées par la civilisation entraînent souvent des conflits internes et des tensions psychiques chez les individus. Ces tensions refoulées peuvent se manifester sous forme de symptômes névrotiques tels que l'anxiété, la dépression et les troubles somatiques. Freud examine comment la sexualité humaine, souvent réprimée ou canalisée dans des voies socialement acceptables, peut jouer un rôle central dans le développement des troubles mentaux et des maladies nerveuses. En remettant en question les normes sexuelles conventionnelles et en explorant les aspects inconscients de la sexualité, Freud ouvre la voie à une compréhension plus profonde des liens entre la morale, la santé mentale et le bien-être psychologique dans la société moderne.
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"La Dame de pique" est une nouvelle d'Alexandre Pouchkine, écrite en 1833. C'est l'une de ses oeuvres les plus célèbres, mêlant le réalisme et le fantastique. Voici un résumé de l'histoire :
L'histoire se déroule à Saint-Pétersbourg et suit Hermann, un jeune officier allemand obsédé par le jeu et la richesse. Il devient fasciné par une vieille comtesse qui, selon la rumeur, possède le secret de trois cartes gagnantes au jeu de cartes Faro. Hermann cherche à découvrir ce secret afin de remporter une grande fortune.
La comtesse, mystérieuse et craintive, refuse de révéler le secret à quiconque. Hermann décide d'utiliser des moyens plus drastiques pour obtenir l'information. Cependant, lorsqu'il s'introduit dans la chambre de la comtesse pour la forcer à lui dire les cartes gagnantes, elle meurt de peur.
Après la mort de la comtesse, son fantôme apparaît à Hermann et lui révèle le secret des trois cartes. Hermann est alors confronté à un choix crucial lorsqu'il se rend compte que ce secret est lié à la vie de la fille de la comtesse, Lisa, dont Hermann est tombé amoureux.
L'histoire explore des thèmes de l'obsession, du jeu, de la cupidité et des conséquences tragiques de la recherche effrénée de la richesse. "La Dame de pique" est souvent considérée comme l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature russe. -
Le rire ; essai sur la signification du comique
Henri Bergson
- Culturea
- 19 Octobre 2023
- 9791041972289
Le Rire : Essai sur la signification du comique est un ouvrage du philosophe français Henri Bergson, publié pour la première fois en 1900. Dans cet essai, Bergson explore la nature du comique et cherche à comprendre pourquoi certaines situations ou certains événements suscitent le rire.
Bergson considère le comique comme un phénomène social et culturel lié à la vie quotidienne. Il soutient que le rire trouve son origine dans certaines formes d'incongruité, d'automatisme et de rigidité. Bergson s'oppose à l'idée que le comique découle simplement de la maladresse ou de la bêtise, et il explore des concepts tels que la mécanisation de la vie, la rigidité des comportements, et le contraste entre l'élan vital et les routines mécaniques.
L'une des idées centrales de l'essai est que le comique naît de la déviation par rapport à la norme et de la perception d'un élan vital en conflit avec les mécanismes figés de la société. Bergson souligne également le rôle du temps dans l'expérience comique, arguant que le comique nécessite une certaine distance temporelle pour être pleinement apprécié.
Le Rire est un texte influent qui a eu un impact significatif sur la compréhension du comique dans le domaine de la philosophie et de la théorie littéraire. La perspective de Bergson sur le rire continue d'être étudiée et discutée dans le cadre de la philosophie de l'art et de la culture. -
Envoyé aux Etats-Unis en 1831 pour y étudier le système pénitentiaire, Alexis de Tocqueville ne s'y est pas intéressé exclusivement aux prisons. A son retour il rédige De la Démocratie en Amérique dont il publie un 1er tome en 1835, puis un second en 1840. Ce qui est proposé ici en est la 1ère partie. Tocqueville y décrit les institutions américaines qu'il met en relation avec les particularités géographiques et sociales du pays. Il juge nécessaire de présenter les « Etats particuliers » avant d'aborder le gouvernement fédéral, et s'attarde sur les institutions communales de la Nouvelle Angleterre (préparant ainsi certaines réflexions de sa 2ème partie). Cette édition présente en fin de volume le texte de la constitution des Etats-Unis et de celle de l'Etat de New-York.
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2000 ans d'histoire en 500 pages : quel roman !
Jacques Bainville sait raconter l'histoire. Avec beaucoup de talent. Peut-être parce qu'il avait lui-même compris combien elle pouvait être ennuyeuse quand elle n'était pas rendue vivante.
D'un bout à l'autre, on lit avec passion cet extraordinaire, ce palpitant roman d'aventures qui est l'histoire d'un peuple, d'une race, d'une contrée.
Pour mieux éclairer ce regard sur l'histoire, citons ici les premières lignes de l'avant-propos signé par l'auteur :
Si les lecteurs veulent bien le lui permettre, l'auteur de ce livre commencera par une confession. Quand il était au collège, il n'aimait pas beaucoup l'histoire. Elle lui inspirait de l'ennui. Et quand le goût lui en est venu plus tard, il s'est rendu compte d'une chose : c'est qu'il répugnait à la narration des faits alignés les uns au bout des autres...
Après de brillantes études au lycée Henri IV et à la faculté de Droit de Paris, Jacques Bainville (1879-1936) a très vite acquis une autorité particulière dans la littérature, le journalisme et les affaires diplomatiques. -
Ludwig Wittgenstein is considered by many to be one of the most important philosophers of the 20th century. He was born in Vienna to an incredibly rich family, but he gave away his inheritance and spent his life alternating between academia and various other roles, including serving as an officer during World War I and a hospital porter during World War II. When in academia Wittgenstein was taught by Bertrand Russell, and he himself taught at Cambridge.
He began laying the groundwork for Tractatus Logico-Philosophicus while in the trenches, and published it after the end of the war. It has since come to be considered one of the most important works of 20th century philosophy. After publishing it, Wittgenstein concluded that it had solved all philosophical problems-so he never published another book-length work in his lifetime.
The book itself is divided into a series of short, self-evident statements, followed by sub-statements elucidating on their parent statement, sub-sub-statements, and so on. These statements explore the nature of philosophy, our understanding of the world around us, and how language fits in to it all. These views later came to be known as Logical Atomism.
This translation, while credited to C. K. Ogden, is actually mostly the work of F. P. Ramsey, one of Ogden's students. Ramsey completed the translation when he was just 19 years of age. The translation was personally revised and approved by Wittgenstein himself, who, though he was Austrian, had spent much of his life in England.
Much of the Tractatus' meaning is complex and difficult to unpack. It is still being interpreted and explored to this day. -
Publiée en 1931, cette biographie de Napoléon est toujours reconnue par les historiens pour le sérieux de ses sources et la qualité de son écriture. Bainville y traite son sujet sans préjugés, dépassant la simple narration pour approfondir et analyser les événements. Son portrait de Napoléon reste criant de vérité, pour son génie comme pour ses dérives.
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Lorsque nous avons, il y a quelques années, écrit Orient et Occident, nous pensions avoir donné, sur les questions qui faisaient l'objet de ce livre, toutes les indications utiles, pour le moment tout au moins. Depuis lors, les événements sont allés en se précipitant avec une vitesse toujours croissante, et, sans nous faire changer d'ailleurs un seul mot à ce que nous disions alors, ils rendent opportunes certaines précisions complémentaires et nous amènent à développer des points de vue sur lesquels nous n'avions pas cru nécessaire d'insister tout d'abord. Ces précisions s'imposent d'autant plus que nous avons vu s'affirmer de nouveau, en ces derniers temps, et sous une forme assez agressive, quelques-unes des confusions que nous nous sommes déjà attaché précisément à dissiper ; tout en nous abstenant soigneusement de nous mêler à aucune polémique, nous avons jugé bon de remettre les choses au point une fois de plus. Il est, dans cet ordre, des considérations, même élémentaires, qui semblent tellement étrangères à l'immense majorité de nos contemporains, que, pour les leur faire comprendre, il ne faut pas se lasser d'y revenir à maintes reprises, en les présentant sous leurs différents aspects, et en expliquant plus complètement, à mesure que les circonstances le permettent, ce qui peut donner lieu à des difficultés qu'il n'était pas toujours possible de prévoir du premier coup.
Le titre même du présent volume demande quelques explications que nous devons fournir avant tout, afin que l'on sache bien comment nous l'entendons et qu'il n'y ait à cet égard aucune équivoque. ?e l'on puisse parler d'une crise du monde moderne, en prenant ce mot de « crise dans son acception la plus ordinaire, c'est une chose que beaucoup ne mettent déjà plus en doute, et, à cet égard tout au moins, il s'est produit un changement assez sensible : sous l'action même des événements, certaines illusions commencent à se dissiper, et nous ne pouvons, pour notre part, que nous en féliciter, car il y a là, malgré tout, un symptôme assez favorable, l'indice d'une possibilité de redressement de la mentalité contemporaine, quelque chose qui apparaît comme une faible lueur au milieu du chaos actuel. C'est ainsi que la croyance à un « progrès indéfini, qui était tenue naguëre encore pour une sorte de dogme intangible et indiscutable, n'est plus aussi généralement admise ; certains entrevoient plus ou moins vaguement, plus ou moins confusément, que la civilisation occidentale, au lieu d'aller toujours en continuant à se développer dans le même sens, pourrait bien arriver un jour à un point d'arrêt, ou même sombrer entièrement dans quelque cataclysme. Peut-être ceux-là ne voient-ils pas nettement où est le danger, et les craintes chimériques ou puériles qu'ils manifestent parfois prouvent suffisamment la persistance de bien des erreurs dans leur esprit ; mais enfin c'est déjà quelque chose qu'ils se rendent compte qu'il y a un danger, même s'ils le sentent plus qu'ils ne le comprennent vraiment, et qu'ils parviennent à concevoir que cette civilisation dont les modernes sont si infatués n'occupe pas une place privilégiée dans l'histoire du monde, qu'elle peut avoir le même sort que tant d'autres qui ont déjà disparu à des époques plus ou moins lointaines, et dont certaines n'ont laissé derrière elles que des traces infimes, des vestiges à peine perceptibles ou difficilement reconnaissables. -
Quel est le véritable Héraclite ? Celui de Hegel ? Celui de Nietzsche ? Celui de Heidegger ? Un autre ? La présente édition des Fragments de son oeuvre perdue vise, en conjuguant l'étude philologique et l'analyse philosophique, à restituer, autant que cela est possible, la pensée même d'Héraclite, dans son unité et sa cohérence. Ce qui surgit ainsi des ruines du texte est une structure belle, un cosmos, une sorte de temple grec déployant son harmonie dans la durée. Chaque fragment apporte sa précision nécessaire ; chacun est complémentaire de tous les autres; même si quelques-uns, plus décisifs, jouent le rôle de pierres d'angle. De ce temple, profondément logique, émanent un rayonnement, une sagesse, un appel, un espoir. De l'éternelle vérité, aucun philosophe fut-il jamais dans une proximité plus grande ?Avec Héraclite, dit Hegel, « la terre est en vue ».
Peut-être Héraclite d'Éphèse (520-460 ?), dont nous ne savons presque rien, a-t-il écrit un livre Sur la nature. Les auteurs anciens en ont conservé une centaine de brèves et énigmatiques citations, qui sont autant d'oracles prononcés sur le monde, le feu qui le constitue et le changement perpétuel auquel tout est éternellement soumis. Ces fragments, ici rassemblés et commentés par quelques-uns des témoignages relatifs à la vie et à la doctrine de ce solitaire surnommé l'Obscur, montrent un effort inédit : s'appuyant sur les acquis de la science de la nature qu'avaient élaborée ses compatriotes de Milet (tels Thalès et Anaximandre), Héraclite exige des hommes qu'ils abandonnent leur existence ensommeillée et rêvée pour vivre à la mesure de la réalité qui les entoure. L'enjeu est alors de comprendre que le monde n'est autre chose que l'harmonie des contraires et des mouvements que révèle une connaissance enfin conforme à la nature. Un siècle plus tard, l'Athénien Platon donnera le nom de philosophes à ceux qui aspirent ainsi à ordonner la réforme des modes de vie à la connaissance savante de la réalité. Héraclite fut sans doute le premier d'entre eux. -
Après avoir publié sa monumentale et prestigieuse Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem, en trois volumes, que Perrin a rééditée en 1991, René Grousset avait écrit en 1936 cette Epopée des croisades, une synthèse destinée naturellement à un plus vaste public, qui devint, elle aussi, un classique dont chaque ligne est précieuse. René Grousset nous conduit de la prédication d'Urbain II à Clermont - en novembre 1095 - à ce 28 mai 1291 qui vit les 200 000 hommes du sultan El Achraf Khalil réduire les dernières défense de Saint Jean d'Acre, l'ultime bastion de ce qui avait été le royaume franc d'Orient. Il raconte avec une clarté, une concision et une qualité de style admirables les neuf croisades qui jalonnèrent ces deux siècles extraordinaires dans l'histoire de l'Occident chrétien et de l'Islam. Tout le monde est d'accord pour estimer que les ouvrages du grand orientaliste, qui avait été à toutes les sources possibles, tant du côté musulman que du côté chrétien, restent la référence.
René Grousset (1885-1952), de l'Académie française, est toujours considéré comme le plus grand historien de l'Orient, proche et extrême. -
Monument des sciences humaines, le «Cours de linguistique générale», publié en 1916, a bouleversé les sciences du langage, mais aussi l'anthropologie, la préhistoire, l'ethnologie, la sociologie, la psychologie ou la psychanalyse, et jusqu'à notre vision de l'être humain. Mettant l'accent sur la dimension relationnelle du langage, conçu fondamentalement comme un instrument de communication, Ferdinand de Saussure (1857-1913) y proposait une façon révolutionnaire de penser la langue, une théorie du signe, et annonçait l'avènement d'une discipline nouvelle : la sémiologie, cette science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale et dont fait partie la linguistique.
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La philosophie, telle que la comprend et la pratique Schopenhauer, est une chasse aux illusions. Dans l'Essai sur le libre arbitre, traduit en 1877 et jamais réédité depuis, il démontre que l'homme est incapable d'agir par lui-même et il relègue au rang de mirage cette mystérieuse faculté appelée libre arbitre. L'homme est prisonnier de lui-même. La seule liberté dont il puisse disposer est une connaissance approfondie de soi. Leçon que Freud, qui avait bien lu Schopenhauer, retiendra et qu'il appliquera sur un plan thérapeutique. Vision aussi très moderne de la condition humaine. Les hommes sont responsables de ce qu'ils font mais innocents de ce qu'ils sont. A l'homme d'assumer le hasard de ce qu'il est. Le caractère est un destin. A la question sommes-nous libres ? L'homme ordinaire répond sans ambiguïté oui puisque nous pouvons faire ce que nous voulons. Si l'homme peut faire ce qu'il veut mais sa volonté est-elle libre ? Peut-il choisir indifféremment en toute objectivité quand deux choix se présentent à lui ? De quoi dépend la volonté elle-même ? « Ma volonté ne dépend absolument que de moi seul ! Je peux vouloir ce que je veux : ce que je veux, c'est moi qui le veux ». Schopenhauer décrit ainsi l'esprit naïf qui se contente de regarder les choses à la surface. « Mais de quoi dépend la volonté elle-même ? », demande le philosophe. Dans son Essai sur le libre arbitre, le penseur de Francfort pose d'entrée de jeu comme solution à l'énigme du libre arbitre que « l'homme est un être déterminé une fois pour toutes par son essence, possédant comme tous les autres êtres de la nature des qualités individuelles fixes, persistantes, qui déterminent nécessairement ses diverses réactions en présence des excitations extérieures.» Ainsi, Schopenhauer montre que l'action de chacun est régie à la fois par des motifs (qui sont extérieurs à l'homme et dont il n'a aucun contrôle) et par son moi c'est à dire son essence (inchangeable et fixée préalablement).