JACQUES DALARUN
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Avant l'écriture : signes, figures, paroles, voyage aux sources de l'imagination
Silvia Ferrara
- Points
- Points Histoire
- 4 Octobre 2024
- 9791041415526
Des empreintes de mains sur les parois de Pech Merle aux girafes gravées dans le désert du Sahara, des pétroglyphes géants d'Hawaï aux signes énigmatiques dans les grottes marines du Salento, Silvia Ferrara nous entraîne dans un extraordinaire voyage sur les traces graphiques de l'humanité.
Nous voici soudain face à des dessins d'hommes et de femmes, d'animaux disparus, mais aussi face à des figures géométriques et sans légendes. Comment naissent des symboles, des icônes, des signes, des mots ? Qui les crée, et pourquoi ? Et qui les comprend ?
Dans ce « saut » vers l'abstraction s'exprime la capacité humaine à façonner le réel et à lui donner vie. En déchiffrant ces écrits d'avant l'écriture qui nous parviennent depuis le fond des millénaires, les questions restent parfois en suspens. Mais la puissance de l'imagination continue de nous émerveiller et de nous parler. -
La fabuleuse histoire de l'invention de l'écriture
Silvia Ferrara
- Points
- Points Histoire
- 3 Juin 2022
- 9782757896358
Pourquoi l'homme s'est-il mis à écrire ? Comment et où cette révolution a-t-elle eu lieu ? Silvia Ferrara lève le voile sur cette mystérieuse invention. Ici, elle dresse le fascinant inventaire des graphies non encore élucidées ; là, elle retrace les multiples apparitions de l'écriture dans l'histoire. Car tout laisse penser qu'elle a été découverte et s'est effacée, sans laisser de traces, à plusieurs reprises. Sa naissance en Mésopotamie au quatrième millénaire avant notre ère n'aurait été qu'une occurrence parmi tant d'autres.
Pris par un récit vertigineux, qui nous transporte du Mexique aux pourtours de la mer Égée, de la Chine aux Îles de Pâques, nous suivons pas à pas les progrès d'une recherche qui a considérablement progressé dans les dernières décennies. Enrichie d'illustrations, cette Fabuleuse Histoire... nous instruit autant qu'elle nous fait rêver. -
Aux portes de l'Europe : histoire de l'Ukraine
Serhii Plokhy
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 17 Novembre 2022
- 9782072999536
Ce livre est une histoire de l'Ukraine, du territoire et des hommes qui l'habitent, depuis Hérodote jusqu'à Zelensky. Racontée avec brio à travers une suite d'événements et de portraits des protagonistes insérée dans l'histoire politique, économique et militaire de l'Europe et dans celle de la chrétienté ; les deux présentées dans leurs grandes lignes mais sans simplifications excessives. La moitié du livre traite de la période antérieure à la Première Guerre mondiale, ce qui laisse assez de place pour une histoire plus détaillée de l'époque contemporaine. L'ambition de l'auteur vise toutefois un objectif plus difficile à atteindre que celui de simplement raconter à ses lecteurs l'histoire d'un pays souvent mal connu. Il essaie de leur faire comprendre toute la complexité de la situation de l'Ukraine en dévoilant ses racines historiques. Il y réussit pleinement en montrant comment un ensemble humain traversé par des frontières écologiques, religieuses, linguistiques, politiques, et dont les composantes ont vécu des passés fort différents, construit une identité commune, devient une nation et se donne un État. Serhii Plokhy évite toute apologie, ne cache pas les faces sombres du mouvement national ukrainien et les énormes difficultés d'apprentissage de l'indépendance face à un voisin, la Russie, puissant et hostile. Cette histoire de l'Ukraine est aussi celle de la Russie, l'une n'étant pas intelligible sans l'autre. À ce titre, elle est une excellente introduction à la compréhension du conflit actuel.
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La guerre russo-ukrainienne : Le retour de l'histoire
Serhii Plokhy
- Gallimard
- La Suite Des Temps
- 7 Septembre 2023
- 9782073013606
L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a été un choc pour le monde entier. Pourquoi Poutine a-t-il déclenché cette guerre ? Et pourquoi cela paraissait-il inimaginable auparavant ? Les Ukrainiens ont résisté à une armée supérieure à la leur ; l'Occident s'est uni, tandis que la Russie a accru son isolement international. Serhii Plokhy, éminent historien de l'Ukraine et de la guerre froide, offre une analyse incomparable de ce conflit, de ses origines, de son déroulement et de ses conséquences probables et déjà apparentes. Les racines de cet affrontement s'enfoncent au plus lointain de l'effondrement impérial et des tensions post-soviétiques des XIX? et XX? siècles. Dressant un large tableau du conte te historique et culturel de l'Ukraine et de la Russie, Plokhy soutient que si cette nouvelle guerre froide n'était pas inévitable, elle était prévisible. L'Ukraine est restée au centre de l'idée que la Russie se fait d'elle-même, alors que les Ukrainiens ont suivi une voie radicalement différente. Dans un nouvel environnement mondial marqué par la prolifération des armes nucléaires, la désintégration de l'ordre international post-guerre froide et une résurgence du nationalisme populiste, l'Ukraine est plus que jamais la ligne de fracture la plus sensible entre le monde de l'autoritarisme et l'Europe démocratique.
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«?Il ne s'agit pas ici d'histoire du livre ou du document. Il ne s'agit pas d'histoire des textes, d'histoire de la culture intellectuelle ou d'histoire des cultures populaires, pas même d'une histoire de l'écriture ou des écritures stricto sensu. L'aire disciplinaire qui nous intéresse est ou aspire à être plutôt une histoire des processus et des pratiques de fabrique et d'usage des produits écrits, quelles que soient leur nature et leurs fonctions, y compris (voire surtout) dans leurs dimensions anthropologiques et sociales les plus remarquables et les plus significatives. Du fait de ce choix épistémologique assumé, cet ouvrage, alternant réflexions et exemples, se présente comme une invitation à considérer les témoignages écrits (isolés ou en série, anciens ou récents, élégants ou relâchés, publics ou privés, exposés à la vue de tous ou cachés) comme autant d'épisodes d'un des chapitres les plus riches et les plus passionnants de l'histoire de l'humanité?: celui de ses expressions écrites.?»
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Trois pierres, c'est un mur... une histoire de l'archéologie
Eric h. Cline
- CNRS
- Biblis
- 15 Octobre 2020
- 9782271135049
À la lueur d'une bougie, Howard Carter scrute l'intérieur de la tombe du pharaon Toutankhamon. Il cligne des yeux. Derrière lui, on s'agite, on l'interroge?: «?Que voyez-vous?? - Des merveilles?!?» répond-il. La découverte sera suivie de dix années de labeur, de fouilles minutieuses. Aujourd'hui, l'archéologue garde en main la pioche et la truelle, mais il n'hésite pas à se servir du tomodensitomètre, de l'ADN, ou du scanner haute définition. Les techniques d'investigation progressent et les mystères du pharaon s'éclaircissent.
Eric H. Cline nous livre une fascinante histoire de l'archéologie. Fort de plus de trente ans de chantiers de fouilles, en Grèce et au Levant, il nous entraîne dans un Grand Tour haletant à travers les âges et les continents?: Pompéi, Troie, Ur, Copán... mais encore Chauvet, Göbekli Tepe, Santorin, Teotihuacán, Machu Picchu... Il nous guide aussi dans le panthéon des archéologues, à la rencontre d'un Heinrich Schliemann ou d'une Kathleen Kenyon, non sans parfois démythifier quelques figures tutélaires d'une aventure souvent collective.
Son récit, au style enlevé, donne les clés pour comprendre l'archéologie en rendant compte des avancées les plus récentes. Il dévoile aussi à chacun les techniques aujourd'hui employées pour repérer, dater, fouiller, conserver... en une passionnante initiation.
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La prunelle de ses yeux ; convertis de l'islam sous le règne de Louis IX
Jordan William
- EHESS
- En Temps & Lieux
- 8 Octobre 2020
- 9782713228582
Roi de France de 1226 à 1270, Louis IX a mené deux croisades en 1248 et en 1270, extrêmement bien préparées, que les chrétiens de l'époque ont pourtant vécu comme des échecs. Ce fut l'une des manifestations d'un mouvement plus général, d'une série d'élans de conversion qui marqua profondément son règne. Dans cette traduction inédite, William C. Jordan revient sur les efforts déployés par le roi pour amener musulmans et païens à la foi catholique.
Louis IX était un roi dévot. Il ne voulait pas simplement régner sur des contrées chrétiennes, mais sur des croyants à la foi pure, à la conduite morale exemplaire. Les stratégies mises en oeuvre pour encourager les conversions - en particulier celles qui visaient les chrétiens dissidents, les pécheurs de notoriété publique (comme les prostituées et les usuriers) et les juifs - exigeaient des intéressés un complet renoncement aux croyances et aux pratiques qui définissaient leur nature déchue.
Au-delà de croisades pour convertir dont William Jordan rappelle les espoirs et les approches, il s'agit également d'installer les nouveaux convertis en France et de faire en sorte qu'ils soient bien acceptés et conservent leur foi. L'auteur soulève plusieurs problématiques : faut-il les concentrer en un seul lieu ou les répartir sur le territoire? Comment leur apprendre le français, ou la langue en vigueur dans leur région d'adoption? Qu'en est-il du logement, de l'habillement, des habitudes alimentaires, de l'aide pécuniaire, etc.? -
Naples, 1343 ; aux origines médiévales d'un système criminel
Amedeo Feniello
- Le Seuil
- 2 Mai 2019
- 9782021380910
En 1343, un navire génois, empli de vivres, est intercepté dans le port de Naples par une population affamée agissant sous la conduite de membres de familles nobles. Le capitaine est sauvagement assassiné et la cargaison du navire est détournée. En 2005, dans la province de Naples, trois jeunes hommes menottés sont tués d'un coup de revolver dans la tête devant les portes d'un collège. Quels sont les liens entre ces deux faits divers, l'un et l'autre tristement banals rapportés à leur époque (dans un cas une révolte de la faim, dans l'autre un crime de la Camorra) ? Y en a-t-il même au-delà de leur localisation - mais n'est-ce déjà pas beaucoup quand le lieu en question, Naples, est connu pour être celui du crime organisé et de l'épanouissement d'un système clientéliste mafieux ?
Amedeo Feniello invite le lecteur à revisiter l'épisode de 1343 comme étant révélateur de l'identité même de la ville, de la conception d'une « nation napolitaine » spécifique dont les origines sont à rechercher au XIIe siècle, lors de l'annexion de Naples par les Normands. L'intégration au royaume normand de Sicile s'est faite en effet au prix de la concession de larges pans du pouvoir souverain aux cinquante-sept grandes familles napolitaines, créant ainsi une structure politique divisée en parcelles rattachées à un territoire et marquées par une solidarité et un honneur propres. Cette appropriation clanique de la ville, devenue structure mentale, est liée à la vie la plus profonde de cette cité, à son imaginaire le plus archaïque, à sa part maudite, qui s'exprime aujourd'hui comme hier, en 2005 comme en 1343...
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Saintété de cour : les Capétiens et leurs saintes femmes
Sean l. Field
- EHESS
- En Temps & Lieux
- 17 Mars 2022
- 9782713229138
Le pouvoir des rois de France s'est accru de façon exponentielle au cours du XIIIe siècle, des croisades de saint Louis jusqu'aux conflits de Philippe le Bel avec l'Église. Sean L. Field réexamine l'âge d'or capétien et soutient que les saintes femmes, mystiques, voyantes ou ascètes, ont joué un rôle crucial, mais négligé, pour légitimer cette montée en puissance. À travers les destins de six de ces femmes, il observe que, pendant la série de scandales qui agitent la fin du XIIIe et le début du XIVe siècle, elles ont joué un rôle non moins important, mais cette fois-ci en tant que boucs émissaires.
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En 1978, dans Quand vient le souvenir, Saul Friedländer se penchait sur son enfance : l'incompréhensible drame qui fait qu'un petit garçon juif, tchèque, enfant unique chéri de ses parents, devient à dix ans catholique, français et orphelin.
Ce livre reprend le récit au moment où le premier s'arrête : en 1948, quand l'auteur âgé de seize ans fugue du lycée Henri-IV où il est pensionnaire pour rejoindre clandestinement le jeune État d'Israël, comme l'ont fait d'autres orphelins de sa génération. Il ne parvient pas à s'y fixer. Très vite s'établit une existence partagée entre trois mondes : l'Europe, les États-Unis et Israël, entre français, anglais et hébreu. À plus de trente ans vient le choix de l'écriture et de l'histoire. Saul Friedländer renoue alors les fils de son passé en se confrontant au nazisme, dont il devient l'un des plus brillants historiens, engagé dans tous les débats de son temps.
Voici le récit d'une vie marquée par la Shoah, dans laquelle la recherche n'a jamais été dissociée de l'engagement. D'une écriture pudique et souvent bouleversante, Saul Friedländer raconte comment, à partir de la perte, se construit une vie d'homme.
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La pensée économique au Moyen Age ; richesse, pauvreté, marchés et monnaie
Paolo Evangelisti
- Classiques Garnier
- Savoirs Anciens Et Medievaux
- 27 Janvier 2021
- 9782406107163
La pensée économique médiévale est étudiée comme phénomène complexe, dans lequel l'effort de l'homme pour comprendre les faits économiques se mesure à sa capacité de lire les relations qui les légitiment. Les sources examinées vont des Pères de l'Église jusqu'à l'humanisme civil.
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Ernst Kantorowicz ; une vie d'historien
Robert e. Lerner
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 25 Avril 2019
- 9782072785955
Ernst Kantorowicz (1895-1963) est considéré à la fois comme un spécialiste d'histoire de l'art, de théologie médiévale et de droit canonique, de philologie et de droit patristique, de littérature et de philosophie médiévales. Peut-être le doit-il d'abord à sa nature artiste. Sa biographie de Frédéric II de Prusse parue en 1927 est devenue un best-seller et Les Deux Corps du roi (publié en 1957), une expression de la science politique et du langage courant.
Sa vie elle-même traverse les tragédies du siècle. Né dans une famille juive industrielle de Poznán, il débute en ardent nationaliste, engagé volontaire au service du Kaiser, blessé à Verdun, volontaire encore pour la lutte contre les spartakistes. C'est à ce titre qu'après la Première Guerre il est étroitement lié au Cercle de Stefan George - considéré alors comme le plus grand poète vivant - qui avait constitué autour de lui une sorte de secte fanatique d'antimodernisme et d'antirationalisme dévouée au culte du héros et à la recherche d'une Allemagne secrète et souterraine.
Nationaliste conservateur, Kantorowicz s'engage pourtant dans la lutte antihitlérienne dès 1933, ce qui le conduit à refuser de prêter serment au régime nazi et donc à devoir démissionner de son poste universitaire en 1934. Il échappe de peu à la Nuit de cristal en 1938 et réussit à fuir, par l'Angleterre, aux États-Unis où il trouve un poste à Berkeley. Il s'y attache, fait école jusqu'à ce que le maccarthysme fasse de lui un des défenseurs de l'indépendance universitaire (à l'allemande), un des premiers intellectuels à refuser le serment de loyauté. Déchu de nouveau de son poste universitaire, il est accueilli à Princeton au sein de l'Institute for Advanced Study. Mais c'est sa personnalité qui rend Kantorowicz fascinant : cet érudit avait l'élégance d'un dandy, un charme personnel qui lui valait toutes les conquêtes, féminines et masculines. Il s'est lancé dans des liaisons brillantes avec l'aristocratie allemande et fut tout proche, sa vie durant, du grand historien d'art d'Oxford Maurice Bowra, autour de qui se pressait une cour d'esprits brillants.
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Aviad Kleinberg s'attaque à un problème inattendu, qu'on pourrait appeler le paradoxe de l'idée de Dieu : comment parler d'un Dieu qui, dans son infinité, est au-delà des limites de l'intelligence humaine et qui, dans son invisibilité, est inaccessible à nos sens? L'auteur étudie avec curiosité les textes juifs et chrétiens qui ont essayé de relever le défi, les Écritures, le Talmud, les Pères de l'Église, les théologiens, les mystiques. Il en fait ressortir l'étrangeté en montrant comment leurs auteurs s'efforcent de résoudre tant bien que mal l'antinomie qui consiste à parler d'un Dieu qui se situe au-delà des sens, mais dont on ne peut cependant traiter qu'avec le langage que nous fournissent ces derniers. Il analyse dans cette perspective les signes tangibles par lesquels la présence de Dieu est censée s'attester et se rendre perceptible dans le monde, depuis les miracles jusqu'aux stigmates des saints, en passant par l'eucharistie.
Au moment où beaucoup de gens en Occident ont purement et simplement cessé de comprendre la religion et son langage, le livre d'Aviad Kleinberg est d'une actualité remarquable par son effort pour rendre intelligible un domaine de discours et de réflexion en passe de devenir hermétique pour notre partie de l'humanité, alors qu'il conserve toute sa vitalité pour la plupart des autres, à commencer par le monde de l'islam. C'est une exigence nouvelle pour notre culture d'apprendre à faire une place à ce qui ne nous est plus spontanément accessible. Ce court livre y apporte une précieuse contribution, par la clarté plaisante avec laquelle il met un problème ardu à la portée du lecteur.
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Voyage avec l'ami ; mort et vie de Giulano Benassi
Francesco Berti arnoaldi
- Gallimard
- Temoins
- 8 Novembre 2013
- 9782070143450
Ce livre poignant est à la fois un témoignage historique sur l'entrée en Résistance de deux lycéens italiens élevés dans le fascisme, le roman d'une éducation sentimentale, morale et civique, et une réflexion sur la fidélité due à la mémoire d'un ami mort en héros.
Giuliano Benassi s'est engagé dans la Résistance en 1943. De deux ans plus jeune, Francesco Berti Arnoaldi a pris le maquis en 1944. Arrêté, torturé, déporté, le premier a été abattu quelques jours avant la chute du Reich. Il a fallu plus de quarante ans au second pour pouvoir entreprendre le Voyage avec l'ami disparu, sur les traces de son martyre.
«Giuliano s'est sauvé et est mort pour que tous aient des raisons de vivre en hommes. C'est pour cela qu'à Giuliano et à ceux qui, comme lui, sont morts pour les autres en résistant, honneur doit être rendu de l'unique manière qui compte : en les faisant connaître pour que les autres, les libérés, se rappellent toujours de quels sacrifices est né ce don qui paraît si naturel, vivre libre.»
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Les sigisbées ; comment l'Italie inventa le mariage à trois
Roberto Bizzocchi
- Alma Editeur
- 14 Avril 2016
- 9782362791772
Le sigisbée - le« chevalier servant » - est un personnage central du XVIIIe siècle italien. Homme, parfois marié, mais le plus souvent célibataire, il accompagne la femme d'un autre homme en société, de manière officielle et avec l'accord du mari. Le personnage du sigisbée est fréquemment attesté dans la littérature (Casanova, Goldoni) ou la peinture (Longhi, Tiepolo). Les voyageurs étrangers se livrant au Grand Tour en Italie ont rendu compte avec surprise de la diffusion dans la péninsule du « mariage triangulaire », toléré par l'Église.
Ils en ont souvent cherché, en vain, une justification morale. Roberto Bizzocchi montre que le sigisbéisme est d'abord une conséquence de la politique matrimoniale des élites nobles en Italie : dans une société où le patrimoine ne peut revenir qu'à l'un des enfants mâles, il fallait trouver un débouché social et amoureux aux nombreux célibataires masculins.
Version italienne de la galanterie et de l'art de la conversation, inspiré des Lumières, le sigisbéisme implique un raffinement de la sociabilité et plus de liberté pour les femmes. Se fondant sur une brillante évocation des mémoires, des correspondances, des archives notariales, de la littérature, de la musique et de la peinture, Roberto Bizzocchi fait revivre des destins singuliers parfois pathétiques, parfois désinvoltes, parfois sordides, parfois sublimes.
Le système des mariages triangulaires n'étaitpas sans poser problème (fidélité conjugale, légitimité de la descendance), mais il constituait une sorte de soupape de sécurité face aux contraintes religieuses et sociales. À partir de la fin du XVIIIe siècle, la diffusion conjointe des idées de la Révolution et de la sensibilité romantique a sonné le déclin des sigisbées. Au triangle amoureux succède le couple sous la domination du mari. L'amant passe dans le placard.
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De l'Écosse jusqu'à la Mésopotamie, de l'embouchure du Rhin jusqu'aux contreforts de l'Atlas, Rome a dominé durant près de cinq siècles un immense territoire. Le démembrement rapide de sa partie occidentale a d'autant plus frappé les esprits que l'empire a remporté jusqu'au bout des succès décisifs, notamment contre Attila en 451.
Pour faire comprendre ce paradoxe, Peter Heather rouvre le dossier en déplaçant le point de vue. Brassant une superbe documentation avec un art consommé du récit, il s'intéresse autant à la vie culturelle, économique et politique de l'Empire qu'à celle des « barbares ». Ceux-ci, en effet, ne viennent pas de nulle part. Qu'il s'agisse des peuples germaniques ou, plus encore, des Huns, Peter Heather fait revivre de l'intérieur la logique des adversaires de Rome. Une logique qui, tout autant que celle des héritiers d'Auguste, façonnera le Moyen Âge européen. On découvre ici l'histoire de la fin de l'empire d'Occident autant que celle des débuts de l'Europe.
On appréciera notamment les pages puissantes sur la constitution de l'autre empire rival : celui des Huns. L'auteur raconte la géopolitique d'Attila, la déstabilisation des empires d'Orient et d'Occident puis la victoire finale (mais trop tardive) d'Aetius, le dernier grand consul et stratège romain. On découvrira aussi de nombreux personnages que Heather fait revivre à partir d'archives peu connues: diplomates de Rome et de Byzance toujours sur les routes, généraux, chefs barbares, impératrices ambitieuses, poètes, philosophes, théologiens...
Publiée en 2005, considérée comme un classique, cette « histoire nouvelle » est enfin traduite en français.