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Grasset
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Comment ça va pas ? - Conversations après le 7 octobre
Delphine Horvilleur
- Grasset
- Essais Grasset
- 21 Février 2024
- 9782246838463
Fracassée comme tant d'autres après le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, l'auteur voit son monde s'effondrer. Elle dont la mission consiste à porter la souffrance des autres sur ses épaules et à la soulager par ses mots, se trouve soudain en état de sidération, impuissante et aphasique.
Dans la fièvre, elle écrit alors ce petit traité de survie, comme une tranche d'auto-analyse qui la fait revenir sur ses fondements existentiels.
Le texte est composé de dix conversations réelles ou imaginaires : conversation avec ma douleur, conversation avec mes grands-parents, conversation avec la paranoïa juive, conversation avec Claude François, conversation avec les antiracistes, conversation avec Rose, conversation avec mes enfants, conversation avec ceux qui me font du bien, conversation avec Israël, conversation avec le Messie.
Ce livre entre en résonnance avec Vivre avec nos morts (puisqu'il s'agit ici, a contrario, de l'angoisse de mourir avec les vivants), avec Réflexions sur la question antisémite (puisque c'est le pendant personnel, intime et douloureux à l'essai plus intellectuel et réflexif) et à Il n'y a pas de Ajar (puisque la musique, le ton, la manière des dialogues oraux font écho à ceux du monologue théâtral).
Comme toujours avec l'auteur, le va et vient entre l'intime et l'universel, entre l'exégèse des textes sacrés et l'analyse de la société actuelle, entre la gravité du propos et l'humour comme politesse du désespoir, parvient à transformer le déchirement en réparation, l'inconfort en force, l'inquiétude en réassurance et le doute en savoir. -
« Mes grands-parents ont grandi à l'Est de l'Europe, dans des pays de grands froids. Ils ont connu le chaos, les persécutions et l'exil.
Plus qu'un désir, une fascination, la France fut pour eux une intuition.
Même si tout cela m'est inconnu, cela ne m'est pas étranger. Je porte en moi leurs racines et aujourd'hui, sans que je les convoque, elles se rappellent à moi. »
Dans ce récit, Marie Drucker remonte le temps et questionne l'héritage, menacé mais vivace, de son identité profonde.
L'histoire d'une famille au destin exceptionnel qui, comme beaucoup d'autres, a fait le choix de l'identité française. -
« C'est à nous, et à nous seuls, qu'il revient de réfléchir, d'analyser et de prendre des risques pour rester libres. Libres de nous engager et d'être ce que nous voulons. C'est à nous, et à personne d'autre, qu'il revient de trouver les mots, de les prononcer, de les écrire avec force, pour couvrir le son des couteaux sous nos gorges.
À nous de rire, de dessiner, d'aimer, de jouir de nos libertés, de vivre la tête haute, face à des fanatiques qui voudraient nous imposer leur monde de névroses et de frustration - en coproduction avec des universitaires gavés de communautarisme anglo-saxon et des intellectuels qui sont les héritiers de ceux qui ont soutenu parmi les pires dictateurs du XXe siècle, de Staline à Pol Pot. » Ainsi plaide Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, lors du procès des attentats de janvier 2015. Procès intellectuel, procès historique, au cours duquel l'auteur retrace, avec puissance, le cheminement souterrain et idéologique du Mal. Chaque mot pèse. Chaque mot frappe. Ou apporte la douceur, évoquant les noms des disparus, des amis, leurs plumes, leurs pinceaux, leur distance ironique et tendre.
Bien plus qu'une plaidoirie, un éloge de la vie libre, joyeuse et éclairée. -
Mille milliards de rubans : La vraie histoire de la mode
Loïc Prigent
- Grasset
- Le Courage
- 9 Octobre 2024
- 9782246820758
Après les grands succès qu'ont été ses recueils de « pépiements », tel Passe-moi le champagne, j'ai un chat dans la gorge (Grasset), voici le livre de Loïc Prigent que tout le monde attendait : son histoire de la mode. Dans plusieurs volumes dont celui-ci est le premier, il dévoile la couture française et internationale, du XIXe siècle à l'ouverture de la première boutique de Gabrielle Chanel en 1913. Des premiers grands couturiers (Worth) et des premières acheteuses-stars (l'impératrice Eugénie) à l'industrie qui s'en mêle (les machines à coudre Singer) et aux débuts de la commercialisation de masse (les grands magasins), nous découvrons les dessus et les dessous de cette folie française.
Dans cet essai-récit, Loïc Prigent se raconte par touches dans ce livre où, faux naïf et vrai Tintin, il révèle comment ce que l'on tient pour du superflu s'insère dans l'histoire générale. Le luxe ne s'est-il pas fondé sur les usines de Manchester où l'on traitait le coton récolté par les esclaves d'Amérique ? La technique n'est pas pour rien dans la création, le papier monnaie n'est jamais loin du chiffon.
« Comment la mode est-elle devenue la mode ? Comment le système s'est-il mis en place ? Qui a mis au point les machines, les prospectus, les vitrines, la frivolité comme modèle économique. Qui a décidé du rythme des collections ? Qui a eu l'idée de l'étiquette ? Le défilé et les mannequins ? ». Avec sa fougue habituelle et sa langue virevoltante, Loïc Prigent nous instruit, nous fait sourire, nous enchante. -
Toute société élabore des critères ethnocentriques pour justifier sa supériorité, voire sa perfection, comparée aux autres sociétés qu'elle dévalorise. Les esquimaux appelaient « poux de la terre » les autres peuples, les Grecs et les Romains les désignaient du terme de "barbares". Au dix-huitième siècle, les sociétés européennes ont été profondément transformées par les conséquences de la révolution scientifique, tant concrètement qu'idéologiquement. Elles n'ont plus été en mesure de faire appel aux moeurs ou à la religion pour revendiquer leur supériorité. Elles se sont tournées vers la science. Naturalistes, médecins, philosophes ont alors rivalisé de classifications raciales destinées à porter au pinacle une race qualifiée de « blanche », la leur, en raison d'une prétendue supériorité biologique (ou naturelle dans le langage de l'époque). On sait maintenant que l'entreprise était vouée à l'échec car contraire aux règles mêmes de la recherche scientifique.
Pour autant cette idée continue de hanter le débat public et la société Française. Depuis les années 80, l'extrême-droite fait d'un prétendu racisme envers les Blancs la pierre angulaire de sa croisade pour la préférence nationale. En 2023, Marion-Maréchal Le Pen parlait encore du « tabou médiatique, judiciaire et politique... à l'égard du racisme anti-blanc ». Tout se passe comme si les théories raciales qu'on pensaient enterrées à jamais avec les horreurs de la Seconde Guerre mondiale trouvaient un nouveau souffle.
L'enjeu de cet essai est de comprendre pourquoi et comment le terme de « Blanc » s'est-il imposé ? De retracer l'histoire de ce signifiant, depuis son invention au XVIIIème siècle jusqu'à sa résurgence actuelle, où l'influence des mouvements radicaux noirs venus des États-Unis, d'une part, et le piège de la statistique ethnique ont cristallisé les tensions et les débats. -
Je me retournerai souvent
Jean-Paul Enthoven
- Grasset
- Littérature Française
- 12 Mars 2025
- 9782246835967
Cet ouvrage (qui doit son titre à un poème de Guillaume Apollinaire : « Passons, passons, puisque tout passe / Je me retournerai souvent...) emprunte à plusieurs genres littéraires : l'autofiction, l'essai critique, les mémoires, le roman... L'ensemble compose une mosaïque, une « marquèterie disjointe » - l'auteur emprunte cette expression à Montaigne, qui alterne les rythmes et les intrigues.
On y retrouve des rêves, des fantômes, des êtres aimés et disparus, des paysages, des bonheurs fragiles, des mélancolies de passage, des souvenirs, des rendez-vous réussis ou manqués... On y retrouve surtout la collection d'affinités et de sensations qui résument une « vision du monde » à travers des écrivains que l'auteur a, pour certains, connus et fréquentés, et qui ont largement infléchi sa vie : Cioran, Barthes, Sollers, Pérec, Camus, Romain Gary, Paul Morand, Jacques Rigaut, André Gide, le Prince de Ligne et quelques autres...
On y retrouve aussi des lieux et des êtres qui ont beaucoup compté pour lui : Key West, la Toscane, une bien-aimée, un ami très cher - ainsi qu'un ensemble de méditations et de considérations intempestives sur l'époque. En chemin, Jean-Paul Enthoven se souvient et jette un oeil par-dessus son épaule. Il se retournera souvent... -
Marseille 1940 : Quand la littérature s'évade
Uwe Wittstock
- Grasset
- Essais Grasset
- 5 Février 2025
- 9782246838364
Après le succès de Février 33, le grand historien allemand Uwe Wittstock revient avec un nouvel essai passionnant : Marseille 1940. À partir de la principale ville portuaire en « zone libre », il raconte l'invasion de la France par l'Allemagne et les destins brisés de tous les réfugiés qui avaient fuient la barbarie nazie outre-rhin.
Écrit comme un roman, ce livre d'histoire est à la fois la biographie d'un héros aussi exceptionnel que méconnu - le journaliste américain Varian Fry, à la tête du comité de secours qui sauva des milliers de vie par l'attribution de visas -, et une galerie de portraits où l'on croise les plus grandes figures intellectuelles et artistiques de l'époque - Hannah Arendt, Walter Benjamin, Heinrich Mann, Anna Seghers, André Breton, Max Ernst ou encore Chagall. Relégués au rang de parias par l'instauration du régime de Vichy, tous ces personnages se côtoient dans un climat d'ébullition extraordinaire et rêvent d'embarquer pour l'Algérie, le Portugal ou les États-Unis. Au même moment, la cité phocéenne se transforme en piège à ciel ouvert avec la collaboration, l'adoption de mesures anti-juives et le durcissement de la surveillance policière. Dans ce tourbillon dramatique, seul Varian Fry garantit l'espoir...
Grâce à une puissance narrative unique en son genre et un travail de documentation remarquable, Uwe Wittstock offre un regard inédit sur la Seconde Guerre mondiale avec Marseille 1940.
Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni -
« En ce début des années 1990 : le diable grimé en général était toujours présent. Il me semblait qu'en le rencontrant, je pourrais comprendre ce qui le différenciait du reste du genre humain. Constater ce qui lui manquait, ou ce qui avait provoqué un changement de nature. Peut-être me rassurer à bon compte face à l'évidence de l'altérité. Et témoigner. »
Fils d'un père bolivien réfugié en France, Bruno Patino grandit entouré d'images de figures révolutionnaires devenues icônes. Il fantasme et s'interroge sur les hommes derrière les représentations. Parmi ces images, celle du dictateur chilien aux lunettes noires, Augusto Pinochet, incarne pour lui le mal.
En 1992, à 26 ans, l'auteur devient correspondant du Monde au Chili. Pinochet a quitté la présidence mais reste le commandant en chef de l'armée de terre et limite drastiquement ses échanges avec la presse. Il est, sur le continent, l'un des derniers à avoir fait régner l'ordre par le sang avant que les armes ne soient troquées par les écrans et la surveillance. Bruno Patino, cherche, déjà, à percer l'énigme du pouvoir : mû par une étrange obsession, il veut, par tous les moyens, rencontrer le général pour l'interroger.
Ce rare face-à-face est raconté dans ces pages, cinquante ans après la prise de pouvoir de Pinochet par un coup d'Etat, le 11 septembre 1973.
Après ses grands essais sur notre condition numérique, Bruno Patino nous emmène sur un terrain mouvant et passionnant : les combats de sa jeunesse et l'ambiguïté folle d'approcher un monstre. Un conte cruel où un jeune journaliste va pourtant finir par rire avec le diable. -
Petit traité du racisme en Amérique
Dany Laferriere
- Grasset
- Essais Grasset
- 4 Janvier 2023
- 9782246830498
Dans ce livre, le premier qu'il consacre au racisme, Dany Laferrière se concentre sur ce qui est peut-être le plus important racisme du monde occidental, celui qui dévore les Etats-Unis. Les Noirs américains : 43 millions sur 332 millions d'habitants au total - plus que la population entière du Canada. 43 millions qui descendent tous de gens exploités et souvent martyrisés. 43 millions qui subissent encore souvent le racisme. Loin d'organiser une opposition manichéenne entre le noir et le blanc, précisément, Dany Laferrière précise : « On doit comprendre que le mot Noir ne renferme pas tous les Noirs, de même que le mot Blanc ne contient pas tous les Blancs. Ce n'est qu'avec les nuances qu'on peut avancer sur un terrain si miné. » Voici donc un livre de réflexion et de tact, un livre littéraire. Mêlant des formes brèves que l'on pourrait rapprocher des haïkus, où il aborde en général les sensations que les Noirs éprouvent, et de brefs essais où il étudie des questions plus générales, Dany Laferrière trace un chemin grave, sans jamais être démonstratif, dans la violence semble-t-il inextinguible du racisme américain. « Mépris », « Rage », « Ku Klux Klan » alternent avec des portraits des grands anciens, Noirs ou Blancs, qui ont agi en noir ou en blanc : Charles Lynch, l'inventeur du lynchage, mais aussi Eleanor Roosevelt ; et Frederick Douglass, et Harriet Beecher Stowe, l'auteur de La Case de l'oncle Tom, et Bessie Smith, à qui le livre est dédié, et Angela Davis. Ce Petit traité du racisme en Amérique s'achève sur une note d'espoir, celui que Dany Laferrière confie aux femmes. « Toni, Maya, Billie, Nina, allez les filles, le monde est à vous ! »
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Le livre :
« Il n'a jamais été plus facile de faire rire qu'aujourd'hui. Toutefois, les enjeux sont si élevés et les risques si grands que notre rire ne peut plus être aussi franc et assuré que par le passé. Jamais la nature précaire, instable et ''nerveuse'' du rire n'a été aussi manifeste. Quand on considère le type de comique actuellement en vogue, il est permis de penser que notre époque ajoute une nouvelle dimension au mot fameux de Molière sur le rire et la création de la comédie : ''C'est une étrange entreprise que de faire rire les honnêtes gens.'' »
René Girard se souvenait ainsi, en 1972, de son premier essai remisé parmi ses « very important papers ». Ce dactylogramme de 78 pages a été retrouvé par Martha Girard et Benoît Chantre. On y découvre la méditation d'un Français exilé en plein maccarthysme. Quand il n'est pas compris comme sensé et insensé, mécanique et vivant, celui dont on se moque fait du rire un poison mondain. Mais « le véritable sourire, le sourire ''lumineux'', nie l'isolement du rire ; il cherche à nouer des liens, il est geste d'accueil et de reconnaissance. Il n'exprime peut-être qu'une invitation à rire ensemble. »
Une méditation majeure enfin révélée au public. -
« A ma très faible mesure, j'essaie de me glisser dans le sillage de mes glorieux prédécesseurs. La liste est incomplète, mais voici : Chesterton, Borges, Sebald, Leiris, Calasso, Magris, et bien sûr Montaigne et Robert Burton. J'aimerais que le thème présent - le style, cette grande affaire ! - se déploie à la manière d'une fleur de papier japonaise s'épanouissant dans le flot d'une rivière au cours paisible... ».
Telle est d'emblée l'ambition de Denis Grozdanovitch, ancien tennisman professionnel, grand amateur d'échecs, et l'auteur légendaire du Petit traité de désinvolture. Ambition ? Programme ? Ou variations : car c'est ainsi que procède depuis toujours ce merveilleux lecteur et essayiste : à sauts et à gambades, à cette allure cabriolante, en passing-shot de revers ou à la volée. Après la Gloire des petites choses et le Génie de la bêtise, Grozdanovitch nous entretient de sa passion pour le style et partage avec nous cinquante ans de lecture, de réflexions esthétiques, de jeux, de polémiques, de citations. Ici Proust, là Vialatte ; Bergson, aussi ; Henry James en ses mystères et difficultés ; Powys, grand écrivain si peu connu en France ; Po Chu Yi (« dès que je me retrouve seul avec le vent et la lune, aussitôt je fredonne oisivement ») ou Belmondo, croisé chez Philippe de Broca. C'est un festival de passion et de drôlerie, en tout temps et tout pays. Le style singularise et nous saisit, nous rappelle Grozdanovitch. Il nous élève et nous transforme. S'il n'était joueur et gracieux, ce livre serait un traité mélancolique de la beauté éperdue. -
Les empoisonneurs : Chlordécone: histoire d'un mépris français
Marie Baléo
- Grasset
- Document Grasset
- 15 Janvier 2025
- 9782246838302
"Ce n'est pas à nous de prendre des décisions par rapport à ceux qui vont naître; les générations futures se démerderont comme tout le monde."Président de la ComTox
Des centaines de milliers de Français contaminés, des terres et eaux polluées pour des décennies voire des siècles, une génération d'enfants lourdement affectés... Ce scandale dont vous n'avez peut-être jamais entendu parler, c'est celui du chlordécone.
Martinique, fin des années 1960 : une poignée de familles, héritières des premiers colons, règnent sur l'économie locale et son fragile pilier, la banane. Lorsqu'un insecte, le charançon, se met à ravager les plantations, menaçant de ruiner la filière, le ministère de l'Agriculture autorise une nouvelle molécule venue des États-Unis, le chlordécone. Hautement toxique pour l'homme, le pesticide s'infiltre dans les sols et les eaux, contaminant durablement la faune et la flore. Dès les années 1970, les États-Unis prennent conscience du danger et interdisent définitivement le chlordécone. Mais la France voit les choses d'un autre oeil : la banane tricolore doit survivre, coûte que coûte. Avec la bénédiction de l'État, le produit miracle sera épandu sur les bananeraies françaises jusqu'en 1993. Seule la ténacité de quelques scientifiques et d'un fonctionnaire rebelle permettra de mettre au jour un désastre dont les Antilles n'ont pas fini de subir les effets.
Une commission influencée par des lobbyistes de la chimie, des producteurs de pesticides peu scrupuleux, un ministre de l'Agriculture faisant ami-ami avec les barons de la banane... Les Empoisonneurs raconte les coulisses de l'un des plus grands scandales environnementaux et sanitaires français. Et montre comment l'État, mêlant incurie et indifférence, a failli à sa mission première : protéger les citoyens. -
"A douze ans, je perds toute ma famille en quelques semaines. Mon grand frère, parti seul à pied vers notre maison de Phnom Penh. Mon beau-frère médecin, exécuté au bord de la route. Mon père, qui décide de ne plus s'alimenter. Ma mère, qui s'allonge à l'hôpital de Mong, dans le lit où vient de mourir une de ses filles. Mes nièces et mes neveux. Tous emportés par la cruauté et la folie khmère rouge. J'étais sans famille. J'étais sans nom. J'étais sans visage. Ainsi je suis resté vivant, car je n'étais plus rien."
Trente ans après la fin du régime de Pol Pot, qui fit 1.7 millions de morts, l'enfant est devenu cinéaste. Il décide de questionner un des grands responsables de ce génocide : Duch, qui n'est ni un homme banal ni un démon, mais un organisateur éduqué, un bourreau qui parle, oublie, ment, explique, travaille sa légende.
L'élimination est le récit de cette confrontation hors du commun. Un grand livre sur la question du mal.
Salué à sa parution par un accueil exceptionnel, récompensé par le Grand prix des lectrices ELLE (essai), le Prix Aujourd'hui, le prix Kessel, le prix des Droits de l'homme de la ville Nancy, et le prix essai France Télévision, publié aux Etats-Unis, au Japon, en Espagne, en Allemagne, au Portugal, entre autres, L'élimination est aujourd'hui augmenté d'une longue préface. -
L'homme augmenté : Futurs de nos cerveaux
Raphaël Gaillard
- Grasset
- Essais Grasset
- 10 Janvier 2024
- 9782246835172
-
Lettres à la petite fille qui vient de naître
Patrice Franceschi
- Grasset
- Essais Grasset
- 2 Octobre 2024
- 9782246839736
« Ma chère enfant, tu as à peine quelques mois d'existence, l'avenir est tout entier devant toi, mais depuis le jour de ta naissance je m'interroge sur le destin que te réservera le monde dans lequel tu viens de prendre place, et sur la manière dont je pourrais agir pour rendre ce destin le meilleur possible. Cette préoccupation va de soi puisque je suis ton parrain par la grâce de ta mère. Sache que je prends mon rôle très à coeur - comme je le fais pour mes propres enfants. Tout au long des années à venir, je vais t'accompagner dans ta marche en avant, de tes premiers pas jusqu'à mon dernier souffle. Qu'il plaise aux dieux que ce chemin soit long ! »
Ainsi s'adresse Patrice Franceschi à sa très jeune filleule, et à sa mère aussi : première lettre d'une suite de vingt-quatre, destinée à la « petite fille qui vient de naître » pour l'aider à affronter le monde qui l'attend, traversé de violence, de lâcheté, de doutes, travaillé par les dissensions et la colère. Des lettres pleines d'espoir et de solutions pour un regard d'enfant en quête de rire, de paix et d'échange. A la petite fille qui lira ces pages, bien plus tard, comme un parcours initiatique vers le bonheur, Franceschi ne cache rien. Il se livre, aventurier, ami des peuples libres, lecteur des philosophes, écrivain passionné. Il raconte. S'inquiète. Et propose une façon d'être : profondément libre, engagé moralement; jamais indifférent; avec, au coeur, la vérité, la beauté, l'appel du risque et de la sagesse.
Mêlant choses vues, lectures, pensées, avec tendresse et à hauteur d'enfant, Patrice Franceschi nous livre le plus beau des cadeaux : cent pages pour aimer la vie intensément. -
Danser sur le volcan : La mode et le luxe à la conquête de nos imaginaires
Sophie Abriat
- Grasset
- Document Grasset
- 15 Janvier 2025
- 9782246836643
Vous pouvez désormais dîner « Dior », voir un film « Saint Laurent », dormir « Armani » ou lire « Chanel ». Les maisons de mode et de luxe ne se contentent plus de vendre des sacs, du prêt-à-porter et du rouge à lèvres, elles investissent les sphères d'influence les plus symboliques - la culture, l'art, le sport, le monde universitaire ou la géopolitique.
Des slogans féministes utilisés pendant les défilés à la fourniture de matériel contre le Covid-19 en passant par le mécénat culturel, les géants du luxe s'éloignent progressivement d'un simple discours commercial pour proposer des visions du monde. L'art de vivre à la française et l'artisanat d'excellence cohabitent à présent avec le rythme effréné des fashion weeks, brouillant ainsi les frontières entre tradition, création et consommation.
Aussi critiqués que convoités, superficiels que profonds, la mode et le luxe cultivent l'art des paradoxes dans un contexte d'inquiétudes sociales et environnementales. Dans cette enquête saisissante, Sophie Abriat observe de l'intérieur ce monde de vanités et de rêves, grâce auquel il est encore possible de « danser sur le volcan ». Un livre qui offre une plongée inédite dans un univers réputé impénétrable. -
Comment peut-on, adolescent, faire la démonstration d'un talent inouï au point de devenir une sorte de bête de foire dans les milieux littéraires parisiens, et à vingt ans, renoncer brutalement à la poésie pour partir vendre du café et des casseroles en Afrique ? C'est ce qu'on a l'habitude d'appeler le mystère Rimbaud. Cette répudiation lui a valu anathème (André Breton) et incompréhension (Etiemble), certains comme René Char se montrant plus compatissants (« tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud »). Mais aucun ne s'est demandé si ce n'était pas plutôt la poésie qui l'avait lâché, inapte désormais à rendre compte de la modernité qui, sous la bannière du progrès, rendait obsolète le vieux monde de l'alexandrin et du sonnet.
Or le jeune Rimbaud fut en première ligne dans ce changement à vue. Il fut hébergé par Charles Cros, poète et inventeur du phonographe, fréquenta Paul Demeny dont le frère Georges est un des pionniers du cinéma, usa abondamment des trains et des vapeurs, posa pour Carjat, le photographe des « people », assista à la construction du premier métro du monde, celui de Londres, et il connaissait au moins par Cabaner les discussions enflammées du café Guerbois où Monet, Manet, Cézanne, procédait au dynamitage de l'académisme.
« Il faut être absolument moderne », lâche-t-il dans Une saison en enfer, établissant bien moins sa feuille de route que reprenant un mantra du temps. Et la poésie dans tout ça ? « Ne va-t-il pas être bientôt temps de supprimer l'alexandrin ? » glissa-t-il à Banville, alors grand maitre du Parnasse. Il s'en chargea dans Une Saison en enfer et dans les Illuminations.
Pour nous aider à percer le mystère, restent heureusement les témoins. Et dans cette constellation, les étoiles de première grandeur : Ernest Delahaye, l'ami du collège, Georges Izambard, le professeur à peine plus âgé que son élève, Isabelle qui accompagna avec un dévouement amoureux l'agonie de son frère, et Alfred Bardey qu'on ne peut soupçonner d'avoir été influencé par un passé dont il ignorait tout quand il engagea à Aden pour surveiller ses entrepôts de café un jeune Français trainant dans les ports de la Mer Rouge. Mais tous s'entendent pour confirmer la prophétie du vieux professeur du collège de Charleville que fixait derrière son pupitre le regard pervenche : « Rien de banal ne germera dans cette tête. » Jean Rouaud -
Que devient l'oeuvre d'un écrivain lorsqu'il est traduit, surtout s'il s'appelle Franz Kafka ? Au milieu des années 1920, dix écrivains font éclore ses oeuvres hors de la langue et du lieu où il les avait conçues, et les sauvent de l'oubli auquel les autorités soviétiques et nazies les avaient condamnées. Pendant plusieurs décennies, Kafka n'existera principalement qu'en traductions, via d'autres voix que la sienne. Un comble pour cet écrivain devenu aphone avant de mourir de la tuberculose en 1924.
Les premiers traducteurs de Kafka ne le deviennent pas par hasard, mais par nécessité ou amour. Paul Celan et Primo Levi le traduisent à leur retour des camps, respectivement en roumain et en italien. Bruno Schulz le traduit en polonais, avant d'être abattu en pleine rue par un SS ; Milena Jesenska très amoureusement en tchèque avant d'être déportée et Jorge Luis Borges en espagnol avant de perdre la vue. Ses traducteurs russes, contraints à la clandestinité, demeureront anonymes. Son traducteur français, Alexandre Vialatte, décèle en lui une nouvelle forme d'hilarité. Quant au poète Maleykh Ravitsch, il le traduit en yiddish après la guerre pour un lectorat qui a quasiment disparu.
Tous ses traducteurs propulsent l'oeuvre de Kafka sur la scène du monde en y projetant quelque chose d'eux-mêmes. Chacun peut, à sa façon, s'écrier : « Josef K, c'est moi. »
Dans cet essai érudit mais vivant, Maïa Hruska tire le fil des échevaux littéraires et politiques du vingtième siècle : analysant la manière dont Kafka est devenu Kafka, elle éclaire subtilement l'Europe d'aujourd'hui à la lumière de celle d'hier. -
Les Monstres : Séparer l'oeuvre de l'artiste ?
Claire Dederer
- Grasset
- Essais Grasset
- 23 Octobre 2024
- 9782246837169
Peut-on encore aimer les oeuvres de Pablo Picasso, Ernest Hemingway, Roman Polanski et Michael Jackson ? Dans cet essai qui a fait beaucoup de bruit lors de sa sortie aux États-Unis, Claire Dederer, critique de cinéma pour le New York Times, explore un malaise qui s'est installé dans toutes les conversations : certains de nos films, livres et musiques préférés ont été créés par des « monstres ».
À la fois ode au plaisir d'une journaliste cinéphile qui raconte avec passion les oeuvres et confession d'une fan qui s'est sentie trahie, Les Monstres développe l'idée de « taches » sur les productions artistiques, aussi soudaines qu'indélébiles, devenues impossibles à ignorer. Il ne s'agit pas de dresser une liste noire de créateurs mais plutôt de proposer une réflexion sur la rencontre entre la biographie d'un artiste et celle de son public - dans la diversité des expériences et des traumatismes individuels. Claire Dederer examine une société post-romantique où le génie, qui avait été auréolé d'une gloire toute virile, n'est plus exempté de jugement moral.
Une oeuvre peut-elle être destituée à cause des actions répréhensibles de son créateur ? Quel que soit son contenu ? Et si elle a été réalisée avant le passage à l'acte de l'auteur, cela doit-il infléchir notre jugement ? Mais surtout, peut-on continuer à aimer ces oeuvres malgré tout ?
Véritable best-seller aux États-Unis, l'essai de Claire Dederer est une contribution essentielle au débat public. Conçu comme un Contre Sainte-Beuve contemporain et féministe, Les Monstres pétille de drôlerie et d'érudition, sans jamais tomber dans le relativisme ni la caricature.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Carine Chichereau -
Auteur du très bel essai de critique littéraire Mensonge romantique et vérité romanesque, René Girard, qui enseigne dans une grande université américaine, se propose dans son nouvel ouvrage, La Violence et le Sacré, de remonter jusqu'aux origines de tout l'édifice culturel et social qui est au centre de notre civilisation.L'enquête s'appuie à la fois sur une relecture très personnelle des tragiques grecs et sur une discussion serrée des principaux systèmes, sociologiques, ethnologiques, psychanalytiques, qui ont tenté de donner une explication globale des premiers rites et des premières institutions culturelles et sociales. Freud en particulier est pris vivement à partie, ou plutôt ses successeurs, peu clairvoyants au sujet de certaines intuitions de Totem et tabou. René Girard, après avoir critiqué les insuffisances de la théorie du complexe d'oedipe, met l'accent sur le rôle de la " violence fondatrice " et sur celui de la " victime émissaire ", négligés jusqu'à présent par tous les chercheurs, et pourtant fondamentaux.S'inscrivant dans le courant de la révision, devenue nécessaire, du freudisme, tenant compte de Lévi-Strauss et du meilleur structuralisme souvent déformé par les épigones, appelé à soulever de multiples discussions, l'essai audacieux et percutant de René Girard ressortit aussi bien au domaine des sciences humaines qu'à celui de la littérature. Une vaste culture ethnologique, des références de premier ordre et toujours incontestables permettent à l'auteur de construire une théorie nouvelle du sacré, et de donner une interprétation convaincante de nombreux thèmes mythiques et rituels (la fête, les jumeaux, les frères ennemis, l'inceste, l'ambivalence du modèle, le double, le masque, etc.) dont la signification profonde n'apparaît ici avec tant d'évidence que parce qu'ils sont étudiés, pour la première fois, dans leur unité circulaire.Enfin, le plus grand mérite de René Girard est peut-être dans la clarté et dans l'élégance de son exposé. Libéré de toutes les obscurités tenant aux jargons initiatiques, voici un livre d'une grande importance scientifique qui est aussi une belle oeuvre littéraire.
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Olivier-Thomas Venard est dominicain, normalien, agrégé et docteur en lettres et en théologie. Au coeur de Jérusalem où il vit depuis vingt-cinq ans, il rencontre ses concitoyens de toutes confessions, pour interroger, comprendre, trouver la façon dont nous pourrions vivre ensemble.
Depuis le 7 octobre, une douleur mondiale côtoie un bouleversement intime. Alors que son père rend son dernier souffle et que le déchaînement des violences nous accable, Olivier-Thomas Venard refuse l'assignation à la haine.
« Aujourd'hui, encore, chacun semble sommé de choisir un camp, de façon univoque et sans nuance. Est-il possible d'oser une parole raisonnable dans de tels contextes ? Je voudrais ne pas déserter. Je suis humain, je suis chrétien, je suis frère prêcheur : au nom de l'espérance, il faut oser une parole. »
Des pages brillantes où la lumière se fraie un passage grâce à l'acceptation du doute, de l'autre, et un refus sans équivoque de l'intolérance et de l'identitarisme.
Un chemin de papier pour retrouver foi en l'humanité. -
Petit Louis : Le plus jeune compagnon de la Libération
Jean-Christophe Notin
- Grasset
- Document Grasset
- 10 Janvier 2024
- 9782246837268
« Petit Louis », c'est le pseudonyme donné dans la clandestinité à un jeune garçon hors du commun : Lazare Pytkowicz, héros entré dans la Résistance à l'âge de 14 ans.
Né à Paris en 1928, Lazare est le quatrième enfant de Jankiel et Perla, juifs polonais qui ont fui leur pays en proie à la misère et à l'antisémitisme. Artisans modestes, sympathisants communistes, ils rêvaient pour leur famille d'un avenir meilleur. Leur destin devait s'écrire en France...
Le 16 juillet 1942, Lazare est raflé avec les siens et parqué au Vel d'Hiv. Premier exploit : il parvient à s'échapper du vélodrome, mais seul. Ses parents et sa soeur disparaîtront dans l'enfer d'Auschwitz. On lui propose de se cacher loin de Paris, il refuse, il a 14 ans et veut se battre ! A Lyon, il rejoint l'Armée des ombres et devient « petit Louis », agent de liaison pour la Résistance, qui sillonne les rues sur son vélo, des messages codés pleins les poches. Mais un mouchard le dénonce : capturé par les gestapistes de Klaus Barbie, il est tabassé, mais ne parle pas. Nouvelle évasion, il file entre les griffes de ses bourreaux. Arrêté pour la troisième fois à Paris en 1944, par la Milice, il est condamné à la déportation. En route, il profite d'un mouvement de foule pour s'échapper...
A la libération, ce parcours insensé fait de « Petit Louis » un héros national. Nommé à 16 ans dans le prestigieux Ordre de la Libération, il sera désigné toute sa vie comme le plus jeune Compagnon, celui donc qui devait être le dernier. Le destin en a décidé autrement, mais il reste une certitude : Petit Louis avait tout d'un grand résistant. Et d'un grand homme. Ce livre raconte son histoire. -
Au terme de près de cinquante ouvrages et de cinquante ans de participation à la vie publique, Alain Minc nous offre ici un « arrêt sur images ». Ce ne sont pas à proprement parler des Mémoires mais un bilan d'étape qui se déplie et se déploie, comme un éventail, en quatre volets : figures, moments, legs et ratés.
« Le vrai tombeau des morts, c'est le coeur des vivants » disait Cocteau. Aussi ce livre commence-t-il par les portraits de personnages, aujourd'hui décédés, dont l'auteur a été très proche et qui ont joué un rôle cardinal dans sa vie. C'est un mélange inattendu d'affinités électives où Jorge Semprun côtoie Bernard Tapie, François Furet, Yves Montand... et où souvenirs personnels et descriptions psychologiques se donnent la main.
Ensuite viennent les moments importants pour lesquels il retrace ses réactions analysées à travers le regard d'aujourd'hui : du « monôme » de 1968 au 7 octobre 2023, de l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie à la chute du mur de Berlin.
Puis les idées ou concepts qu'il a lancés et sont devenus des lieux communs dans les débats d'aujourd'hui - comme par exemple « l'équité versus l'égalité », « la mondialisation heureuse » ou le « cercle de la raison » - sur lesquels il s'interroge avec le recul du temps.
Et enfin ses « ratés », les sujets qu'il estime avoir ignorés ou maltraités, réfléchissant rétrospectivement aux raisons de ses faux pas.
Sur chacun de ces thèmes affleure un mélange d'humour et de distance, de profondeur et de légèreté. -
« Comme certains de mes livres, Théories de théories est une tentative de classement au moyen d'une forme. Son titre s'explique par le double sens du mot ''théorie'', c'est-à-dire une proposition générale sur un sujet donné et une succession d'êtres ou de choses à la file. (Quand on dit : il y avait une théorie de chats, cela signifie que plusieurs chats se suivaient les uns derrière les autres.) Il se passe en une journée, à partir du moment où, levé, on s'habille (« théorie des beaux vêtements »), et s'achève à la fin du jour (« théorie du coucher du soleil »). Entre les deux, je propose des théories sur tout ce que l'on appelle la vie, ou du moins la vie comme je l'entends.
On y trouvera une théorie du désir, une théorie de l'amour, une théorie des ponts (si mal en point dans le monde de murs où nous vivons), une théorie des grandes vieilles actrices de théâtre, une théorie des mappemondes, une théorie du temps, une théorie de la couleur marron, une théorie du rire, une théorie du mot fin dans les livres, une théorie des odeurs, une théorie des fleurs coupées, une théorie de l'ombre et une théorie de la lumière, bien d'autres.
Ces théories, pour moi, ressemblent aux bâtons de métal qu'on nous faisait frotter en classe de physique pour attirer la limaille de fer. Elles rassemblent ce qui est épars, à la merci des coutumes, des idées reçues, des superstitions, de l'ignorance, et proposent des interprétations plausibles. Elles ne cherchent pas à être ''vraies''. Théories de théories est, en quelque sorte, une boîte à outils.
Je dois ajouter que ''théories'' ne veut pas dire abstrait. Mes théories, qui sont parfois longues, parfois courtes, le plus souvent des essais, quelquefois des fictions, se fondent sur des observations, des faits historiques, les remarques des auteurs les plus divers de tous les temps et de tous les pays. Des expériences sensibles, aussi. C'est mon livre le plus intime. A la fin, j'espère qu'on en aura retiré une certaine conception du monde, suivant ce que l'on pourrait appeler une pensée moirée, à la façon de la moire du tissu, changeante et variée comme la vie. » Ch. D.