Poète, dramaturge, romancier, Robert Lafont (1923-2009) est l'auteur d'une oeuvre littéraire de premier plan, écrite et publiée en occitan, incomplètement traduite, à l'exception de la poésie, et encore trop peu connue.Elle fait pourtant l'objet de lectures passionnées et de belles études. Dans le but d'élargir le cercle de ses connaisseurs, nous avons fait un choix de vingt-trois articles, de 1990 à aujourd'hui. La diversité des méthodes d'approche et des sensibilités trace dans l'univers littéraire lafontien une infinité de chemins où nous invitons le lecteur à se hasarder, pour se trouver ou se perdre avec délices.Car, pour cet écrivain, la littérature n'est pas un monde à part, mais le confluent de toutes les lignes de vie, de pensée et de création, comme le montre la dernière partie sur « Robert Lafont polygraphe » où le grand vent de l'Histoire bouscule les espaces du roman et inspire le souffle poétique de celui qui, dès le début, a l'ambition de dire l'òme lo segle, « dire l'homme le siècle ».Une oeuvre inépuisable, pour peu qu'on se penche sur son potz de futur, son puits d'avenir, une oeuvre puissante qui rayonne de vie et de sensualité, de culture généreuse. C'est ce que cet ouvrage voudrait montrer.
Découvert en 1964 au large du Cap-d'Agde (Hérault) par une équipe de recherche subaquatique animée par André Bouscaras, le « dépôt » de Rochelongue constitue la plus importante masse hétéroclite d'objets de bronze et de lingots de cuivre de la Gaule méditerranéenne. Le présent ouvrage établit l'inventaire de cet ensemble demeuré largement inédit. Daté du VIe siècle avant notre ère, ce stock métallique est partie prenante de la problématique du phénomène launacien abordée dans le livre Launac et le launacien. Dépôts de bronzes protohistoriques du sud de la Gaule, publié en 2017 dans la même collection et dont il constitue la suite logique.L'appréciation de la longue durée des objets réunis, neufs, usagés ou brisés, interroge encore sur l'origine de ce dépôt qui pourrait s'apparenter à un trésor de sanctuaire comme il en existe en Sicile et en Grèce. Mais l'hypothèse d'une cargaison d'un navire détruit lors d'une tempête ou perdue dans une zone de transbordement souligne naturellement la vocation de l'aire agathoise : le débouché lagunaire de la vallée de l'Hérault est alors au coeur de circuits d'échanges reliant les domaines maritimes de Grande-Grèce, d'Étrurie, d'Ibérie punique aux aires terrestres gauloises, de l'Italie au Jura et à l'Atlantique.
Joan Ganhaire a très vite été reconnu comme l'un des auteurs majeurs de la littérature occitane contemporaine. S'exprimant en dialecte limousin, l'écrivain bâtit un univers mi-réel mi-imaginaire, inspiré des paysages du Périgord et de l'Aquitaine, qui se perçoit d'abord par les sensations. Des hommes y cherchent leur vérité. Face à la mort sans cesse possible, face à la violence omniprésente, face à leurs propres défaillances, où trouver un peu de réconfort ? Les religions sont impuissantes à éradiquer le Mal. L'amitié ne fait pas disparaître le sentiment de solitude. Le seul secours reste le rire, un rire partagé dans lequel chacun avoue ses faiblesses et reconnaît en autrui son semblable. Rire, c'est s'éprouver ensemble dans une communauté joyeuse, c'est exorciser le Mal, c'est échapper à l'angoisse et retrouver sa liberté. À travers ses nhòrlas, ses romans de cape et d'épée, et surtout ses nouvelles fantastiques et ses romans policiers, Joan Ganhaire explore l'âme humaine avec toutes les ressources que lui offrent la langue et la culture occitanes.
De l'Occident à l'Orient, du début de notre ère à nos jours, des invariants apparaissent, qu'il s'agisse de mythes païens, chrétiens, chinois ou précolombiens. L'événement originel et immémorial nourrissant l'imaginaire, le mythe peut survivre, mais ce faisant il se transforme pour devenir, à l'époque de la Modernité, distance, séparation, et partant, nostalgie des origines. Les mythes anciens sont alors revisités par les Modernes et d'universels ils se font plus personnels. Mais la persistance des traces est telle que l'analyse littéraire, linguistique, socio-politique, anthropologique ou artistique peut ramener bien des expériences singulières et des écritures à un ou plusieurs mythes anciens.
Les travaux inclus dans ce volume sont structurés selon trois axes, depuis les réflexions théoriques sur le mythe, en passant par les formes générales de l'errance (sous les espèces de la migration, de l'exil, de l'exode, ou encore du voyage et du vagabondage) pour arriver à la figure spécifique du labyrinthe, la source archétypale de celui-ci se trouvant dans un mythe crétois dont les acteurs sont, comme on le sait, Minos et Pasiphaë, le Minotaure, Dédale, Thésée et Ariane.
Les publications de Charles-Olivier Carbonell, professeur d'histoire contemporaine de 1978 à 1998 à l'université Paul-Valéry, ont contribué au développement d'une discipline nouvelle dans le territoire de l'historien, l'histoire de l'historiographie. Délaissant les génies de la période romantique - Guizot, Michelet, Augustin Thierry, Tocqueville, Taine, Fustel de Coulanges - il s'efforce de replacer tous les discours historiques dans le contexte politique, culturel et religieux dans lequel ils ont été tenus et d'évaluer leur impact dans la communauté scientifique et dans le grand public, sans jamais privilégier ni leur dimension littéraire, ni leur portée politique. Dans cette perspective, qui valorise la production bibliographique globale au détriment de considérations subjectives hasardeuses, il est un des premiers à tenter de définir, en sociologue, dans sa thèse pionnière, Histoire et historiens, 1865-1885, publiée en 1976 chez Privat à Toulouse, ce qu'est réellement le métier d'historien, de Fustel de Coulanges à Ernest Lavisse. Ce moment correspond, pour les études historiques, au passage de l'âge héroïque à leur organisation administrative et professionnelle sous la Troisième République.
Ending Slavery broadens the scope of the antislavery struggle beyond the national narrative to draw a map of a new transnational and differentiated geography of abolitionism. It aims at complicating our understanding of the antislavery struggle by offering an opportunity to rethink the relationship between the personal and the political in the antebellum period. Focusing on the post-1830 period, Ending Slavery also presents a new and ambitious periodization by extending its historical breadth through Reconstruction, well into the present, to examine contemporary representations and interpretations of the history of abolitionism. The book puts forward a reflection on the historiographical and memorial legacies of antislavery activity in the United States and interrogates how this activism partook and still partakes in the long Civil Rights Movement for full social and political equality for African Americans. Ending Slavery ambitions to expand discussions and open new perspectives on the history of abolitionism, slavery and Atlantic studies.Ending Slavery élargit le champ de la lutte anti-esclavagiste au-delà du récit national étasunien pour dessiner la carte d'une nouvelle géographie transnationale et différenciée de l'abolitionnisme. Il complexifie notre compréhension de la lutte anti-esclavagiste en proposant de repenser la relation entre le personnel et le politique avant la guerre de Sécession. En se concentrant sur la période postérieure à 1830, Ending Slavery offre une périodisation nouvelle t ambitieuse qui recouvre la période de la Reconstruction et s'ouvre sur le présent par un examen des représentations et les interprétations contemporaines de l'histoire de l'abolitionnisme. L'ouvrage met en avant une réflexion sur l'héritage historiographique et mémoriel de l'activité anti-esclavagiste aux États-Unis et interroge la façon dont cet activisme a été partie prenante et continue d'être au coeur du mouvement des droits civiques pour l'égalité sociale et politique des Africains Américains. Son ambition est de contribuer à enrichir les discussions et ouvrir de nouvelles perspectives sur l'histoire de l'abolitionnisme, de l'esclavage et des études atlantiques.