T'ang Haywen (1927-1991), peintre chinois installé dès 1948 à Paris, peint d'abord des oeuvres figuratives, des portraits et des paysages en utilisant les techniques de l'huile ou de l'acrylique. Il passe progressivement à l'encre au milieu des années 1960 et produit de nombreux lavis en diptyques et triptyques. Fusion entre une esthétique chinoise qui puise ses sources dans la calligraphie et une forme d'expressionnisme abstrait d'origine occidentale, son oeuvre invente un nouveau langage pictural en dehors de toute affiliation à un mouvement ou à un groupe.
Contemporain de deux célébrités de l'art franco-chinois, Zao Wou-ki et Chu Teh-chun, T'ang Haywen est longtemps resté à l'écart du marché de l'art. Pourtant son oeuvre, selon Jean-Paul Desroches, ancien conservateur en chef du musée Guimet, « jaillit du fond de son être et s'incarne en des transpositions poétiques qui égalent celles des plus grands créateurs du XXe siècle ». Elle fait l'objet depuis quelques années d'une véritable redécouverte.
A sa mort, T'ang Haywen ne laisse pas d'héritiers. L'État récupère donc son oeuvre et, après différentes péripéties, alloue en 2022 au musée Guimet quelque 200 peintures et 400 pièces des archives personnelles de l'artiste.
L'exposition qui lui est consacrée dans la rotonde du 2e étage du musée retrace l'ensemble de sa carrière à travers une sélection de paysages à l'aquarelle et à la gouache, de grands diptyques et de petits monochromes à l'encre, et témoigne de la richesse de son oeuvre.