L'humidité ; 1970-1978

À propos

Réédition de l'intégralité de l'Humidité, la plus importante revue française de poésie expérimentale des années soixante-dix. Lorsqu'on demande à Jean-François Bory pourquoi il a appelé sa revue L'Humidité, voici ce qu'il répond : " Parce que j'ai passé toute mon enfance en Asie. Il y a une saison particulière en Asie avec la mousson. Tout est humide! L'humidité de l'air est parfois à 75%. C'est une chose singulière qu'on ne ressent nulle part ailleurs, la mousson.
Respirer devient alors tout différent, par exemple fumer une seule cigarette dans ce bain de vapeur vous saoule complètement. Voir aussi est différent car tout est flou avec tant d'eau dans l'air. On est myope ! On est dans une cinquième saison avec L'Humidité. C'est la cinquième saison du monde. " Lorsqu'on dépasse la légèreté et l'a priori désinvolture, toute picabienne, de cette réponse, on s'aperçoit qu'il y a pas mal d'indices dans ces quelques mots : Il vient d'ailleurs, sa revue sera le terreau de tous les ailleurs, là où on voit différemment, là où l'expérience s'allie à la réflexion, là où on prend des risques, donc (jusqu'à l'ivresse), pour ouvrir de nouveaux territoires.
Difficile également de ne pas voir la référence à la revue 5e saison d'Henri Chopin, à la fois hommage et dépassement. Car il s'agit bien de cela avec Jean-François Bory et les auteurs, poètes, artistes, etc. dont il s'entoure pour que vive L'Humidité : derrière un joyeux et remuant désordre, parfois potache, parfois frontalement rebelle ; derrière cet esprit à la fois frondeur mais radicalement dilettante ; il y a la construction d'un espace de pensée et de recherche, un vrai laboratoire où se croisent les pratiques artistiques les plus novatrices du moment.
Et ce qui se joue dans cette revue au fils des livraisons, c'est ce qu'a toujours défendu Jean-François Bory (et avec lui Julien Blaine, Bernard Heidsieck, Pierre et Ilse Garnier et tous les acteurs des poésies expérimentales) : que la poésie-action défendue ici a autant à voir avec l'histoire de la poésie via la littérature, qu'avec l'histoire des avant-gardes, des premiers futuristes à nos jours.
Et effectivement, on comprend bien mieux les enjeux des poésies visuelles, performatives, sonores, etc. lorsqu'on les voit confrontées avec les pratiques d'artistes du nouveau réalisme ou de la nouvelle figuration, de l'art sociologique (Fischer, Journiac, Maccheroni, Agullo), du body art ou de l'art charnel (Orlan, Gina Pane, Journiac), de l'art comportemental (Agullo) etc., mais également d'écrivains comme José Pierre, Pascal Quignard, Pierre Bourgeade, Roland Barthe et tant d'autre.
A l'heure où s'écrit enfin l'histoire des poésies expérimentales, cette réédition de L'Humidité est un outil indispensable pour mieux comprendre cette aventure.


Rayons : Littérature > Poésie


  • Auteur(s)

    Jean-françois Bory

  • Éditeur

    Al Dante

  • Distributeur

    Les Presses Du Reel

  • Date de parution

    25/04/2012

  • EAN

    9782847618235

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    762 Pages

  • Longueur

    24 cm

  • Largeur

    17 cm

  • Épaisseur

    4.6 cm

  • Poids

    1 485 g

  • Support principal

    CD Audio

Infos supplémentaires : Livre lu   Broché  

Jean-François Bory

Jean-François Bory (né en 1938 à Paris, où il vit et travaille) écrit depuis l'âge de 4 ou 5 ans, comme beaucoup de monde. Il vit une enfance mouvementée en Asie, et fonde, à l'âge de 12 ans, avec des camarades de classe du lycée Hué au Vietnam, une revue littéraire, recopiée à la main en plusieurs exemplaires, intitulée L'Encrier. Entre 1958 et 1961, il participe à la guerre d'Algérie dans le massif de l'Ouarsenis. En 1962, il reprend des études puis travaille à l'A.F.P.
À New York, en 1968, Bory publie l'une des toutes premières anthologies de poésie visuelle internationale. Après avoir pris son temps et s'y être préparé, il se débarrasse de toute activité salariée en 1972, à 34 ans, et n'y revient jamais. Au début des années 70, alors que le dadaïste Raoul Hausmann avait quasiment sombré dans l'oubli, Bory publie Raoul Hausmann et Dada à Berlin (L'Herne, 1972) et organise la même année, une exposition de cet artiste au Studio Brescia (Italie). Il perd un œil en 1977. Bory a publié dans de nombreuses revues, en a fondé certaines (L'Humidité) et codirigé d'autres (Celebrity Cafe, Approches). Il participe à des lectures, des expositions et des performances à travers le monde.

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